I.F.S.I. 12 - Urgences / Réanimation - Transfusion sanguine

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depistage des complications et conduite a tenir

 

La surveillance et les soins du patient ventilé visent à vérifier l’efficacité de la ventilation mécanique mais aussi à diminuer les risques de barotraumatisme et à limiter les risques de surinfection pulmonaire.

Les complications ventilatoires peuvent se situer à deux niveaux :

-          Au niveau du montage ou réglage du respirateur

-          Au niveau du patient

Enfin pour éviter tout problème infectieux, les soins au patient sont prodigués avec une asepsie rigoureuse.

 

les complications ventilatoires

 

les causes

 

Les causes de détresse respiratoire chez le patient sous VA sont nombreuses (voir tableau 10.1).

 

LIEES AU VENTILATEUR. Il convient avant tout d’éliminer une cause liée à un dysfonctionnement au niveau du ventilateur ou à une fuite sur le circuit en analysant les alarmes de volume expiré, de pression, de FiO2, pour identifier un prblème au niveau de la cellule du ventilateur ou du mélange de gaz :

-          Capteur de débit mal monté, humide, défectueux, membrane perforée, filament sectionné.

-          Fuite au niveau du circuit inspiratoire : petits raccords, raccords en Y, filtre humidificateur anti-bactérien et rotule disjoints entre eux ; tuyaux annelés mal raccordés ou percés ; piège à eau mal vissé.

-          Un mauvais montage peut aussi se voir sur le circuit expiratoire.

-          Un mauvais fonctionnement du ventilateur par défectuosité de l’électronique.

 

LIEES AU REGLAGE DU VENTILATEUR. Le mode ventilatoire peut être mal adapté ou les paramètres ventilatoires non adaptés (FiO2 insuffisante, Vt, Fr, niveau de pression…). Ces anomalies se traduisent par une hyperventilation, des sudations, une agitation, une trachypnée, un tirage intercostal, un balancement thoraco-abdominal. Des pressions ou des volumes trop importants peuvent être à l’origine de baro- ou de volo-traumatismes, qui se traduisent par un pneumothorax ou plus rarement un pneumomédiastin. On les dépistera devant une détresse respiratoire brutale avec hypoxie, désaturation, augmentation des pressions d’insufflation, asymétrie thoracique, voire emphysème sous cutané. Un tel accident, s’il est bilatéral, devient rapidement dramatique.

 

LIEES AU MATERIEL :

-          Sonde d’intubation ou canule de trachéotomie :

  • Débranchée, section du raccord
  • Trop haute, risque d’extubation
  • Sélective, détectée par une asymétrie auscultatoire, risque d’atélectasie
  • La bonne position de la canule est à 2,5 cm au-dessus de la carène sur un cliché du thorax de face
  • Coudée, mordue, se traduisant par une augmentation des pressions
  • Canule de trachéotomie luxée ou mal serrée au niveau de l’anneau de fixation

-          Ballonnet :

  • Ballonnet mal gonflé, percé ou poreux, source de fuite et responsable d’une spirométrie effondrée
  • Ballonnet surgonflé responsable de toux, avec risque de pneumothorax.

-          Lien de fixation de la sonde ou canule. Ce lien risque de se détendre, voire de se défaire, avec risque d’extubation ou de décanulation, entraînant une détresse respiratoire immédiate. On préconise donc de faire deux nœuds plats plutôt qu’une ganse, avec un lien en sergé tressé ou bien d’utiliser un lien de fixation spécifique pour canule de trachéotomie. Il faut toujours avoir prêt dans la chambre une sonde d’intubation/canule de même diamètre et une de calibre juste inférieur, ainsi que le ballon d’insufflation prêt à oxygéner le patient avec le masque.

 

LIEES AU PATIENT :

-          Encombrement de la sonde ou de la canule par des sécrétions épaisses, purulentes ou hémorragiques avec risque de bouchon muqueux, de clapet par défaut d’expiration et au bout du compte détresse respiratoire. Si les aspirations restent inefficaces, il faut en urgence réintuber ou recanuler le patient et envisager une fibro-aspiration bronchique

-          Epanchement gazeux dans la cavité pleurale. Un pneumothorax se traduit par une détresse brutale avec hypoxie, désaturation, augmentation des pressions d’insufflation, asymétrie thoracique, voire emphysème sous cutané. Il faut immédiatement faire une radiographie du thorax (délai maxi 30 minutes) et drainer l’épanchement.

 

Au niveau du ventilateur

-          Fuites au niveau du circuit

-          Mauvais fonctionnement du ventilateur

-          FiO2 non adaptée

-          Mode ventilatoire non adapté

Au niveau du patient

-          Obstruction de sonde ou de canule

-          Pneumothorax

-          Bronchospasme

-          Hyperventilation

-          Distension abdominale

-          Infection à un stade précoce

-          Œdème pulmonaire

-          Embolie pulmonaire

-          Hyperventilation neurologique

-          Ischémie myocardique

Tab. 10.1. Les causes de détresse respiratoire au cours d’une VA

 

 

la conduite diagnostique

 

Le dépistage des complications ventilatoires responsables d’une détresse respiratoire sous VA passent par la surveillance et l’analyse rigoureuse des signes cliniques, des modifications spirométriques et des pressions dans les voies aériennes (tableaux 10.2 et 10.3).

 

AU NIVEAU DU VENTILATEUR

Spirométrie basse

                Fuites au niveau du circuit

  • Tuyaux
  • Raccords

Mauvais fonctionnement du capteur

  • Perforation de la membrane
  • Condensation
  • Section du filament

Spirométrie haute

                Dérèglement du capteur de spirométrie :

  • Condensation
  • Noyade du circuit expiratoire

Désadaptation du patient au ventilateur

 

AU NIVEAU DU PATIENT

Spirométrie basse

                Ballonnet pas assez gonflé

Sonde dans la bouche (fuites)

Sonde coudée ou mordue obstruée

Sonde obstruée (sécrétions, sang)

Spirométrie haute

                Désadaptation du patient au ventilateur :

  • Mauvais réglage
  • Mode ventilatoire inadapté
  • Douleur, angoisse
  • Lésion du tronc cérébral
  • Etat de choc
  • Acidose métabolique

Tab. 10.2. Principales causes de modification spirométrique au cours de la VA

 

PRESSIONS BASSES

Extubation

Désadaptation entre sonde et circuit

Fuites sur le circuit

 

PRESSIONS HAUTES

Augmentation des résistances dans les tuyaux

-          Obstruction de sonde

-          Mauvaise position de sonde

Augmentation des résistances bronchiques

-          Asthme

-          Bronchospasme

-          Œdème pulmonaire

-          Atélectasies

-          Encombrement bronchique

-          Inhalation après vomissements

-          Pneumothorax

-          Epanchement pleural

-          Toux, hoquet

-          Angoisse, douleur

-          Mauvais réglage, PEP

-          Désadaptation

Tab. 10.3. Principales causes de modification de la pression dans les voies aériennes supérieures au cours de la VA

 

 

la conduite pratique

 

Le principe de base de la prise en charge d’un patient désadapté qui lutte contre le ventilateur est de préserver l’oxygénation et la ventilation tout en recherchant la cause. Débrancher le patient est le premier geste à faire (voir fig. 10.1). Une ventilation manuelle doit être débutée à l’aide d’un ballon avec une FiO2 élevée. Si la détresse respiratoire disparaît, cela signifie que le problème était dû au ventilateur. Si la détresse se prolonge, c’est le signe de la présence d’un problème lié au patient. Il faut alors procéder à un examen clinique rapide et à une évaluation des paramètres ventilatoires. Une obstruction des voies aériennes du patient doit être recherchée et le passage d’une sonde d’aspiration aidera à déceler la présence d’une obstruction ou de sécrétions bronchiques importantes. Si le pronostic vital est menacé, il faut identifier et traiter les causes les plus vraissemblables comme l’obstruction des voies aériennes (aspiration, changement de sonde) ou un pneumothorax sous tension (mise en place d’une aiguille ou d’un drain thoracique dans le 2ème espace intercostal (EIC) sur la ligne mammelonnaire ou dans le 4ème EIC sur la ligne axillaire moyenne) avant d’entreprendre d’autres recherches diagnostiques. Après stabilisation de l’état du patient, une évaluation et une prise en charge plus précise pourront être envisagées.

 

Débrancher le patient du ventilateur

!                                                                                                                                                           ! : flèche vers le bas

Ventilation manuelle au ballon en oxygène pur

!                                                             !             

La détresse disparaît                                              La détresse persiste

!                                                             !

Recherche de la cause                             Rechercher et traiter la cause

- fluides ?                                                               !                                                             !

- électricité ?                                           Sonde ?                                                  Patient ?

Ventilateur ?                                           !                                                             !

Circuit patient ?                                      Extubation (fuites) = réintubation           Encombrement = aspiration

Humidificateur ?                                     Intubation sélective (auscultation)          Pneumothorax

Modalité ventilatoire ?                                            = retrait de la sonde                                = drainage

                                                               Obstruction (pression) = aspiration        Bronchospasme

                                                                              et/ou changement de sonde                     = bronchodilatateur

Fig.10.1. Attitude thérapeutique devant une détresse respiratoire chez un patient sous VA

 

 

les complications infectieuses

 

Les complications infectieuses représentées par les broncho-pneumopathies nocosomiales (BPN) sont l’une des principales causes de complications de la VA. Leur fréquence augmente avec la durée de la ventilation (60 % des patients au-delà de 3 semaines de VA). Le matériel utilisé en matière synthétique où s’agrègent les germes, l’inversion du régime de pression de la ventilation, la suppression de la toux et de la motricité des cils bronchiques sont autant de facteurs de risque infectieux.

Elles posent deux types de problèmes :

-          La surinfection pulmonaire est obligatoirement un facteur aggravant du pronostic initial

-          La résistance de plus en plus importante des germes rencontrés aux antibiotiques.

Les BPN vont augmenter la durée de ventilation (fluides médicaux, matériels consommables), la durée d’hospitalisation (soins, personnels) et les dépenses en antibiotiques.

 

LES SIGNES EVOCATEURS de leur survenue sont l’hyperthermie, l’hyperleucocytose, des sécrétions abondantes, sales, purulentes, des prélèvements bronchiques protégés (PBP) positifs, des modifications radiologiques.

 

LA PREVENTION doit être une préoccupation constante basée sur la compréhension des mécanismes de contamination, du circuit. Elle repose essentiellement sur la bonne pratique des gestes et soins infirmiers.

-          L’asepsie doit être respectée quel que soit le contexte. Un lavage des mains avant et après toute intervention au niveau du patient, du circuit et du ventilateur doit être systématique, sans oublier la désinfection du stéthoscope après chaque auscultation. Le port de blouses à usage unique pour les soins de patients porteurs de germes producteurs de beta-lactamase à spectre élargi est obligatoire.

-          Hygiène et décontamination des matériels. Les circuits extérieurs du ventilateur doivent être stériles à usage unique ou autoclavables. Ils sont changés stérilement autant de fois que prévu dans le protocole du service. La sonde d’intubation doit être changée tous les 4 à 5 jours environ, sauf si une trachéotomie est réalisée au 5ème ou 6ème jour. La canule de trachéotomie est changée 48 heures après sa mise en place puis une fois par semaine, et dès qu’il y a un bouchon muqueux. Tout dégonflage du ballonnet de la sonde ou de la canule doit être précédé d’une aspiration des sécrétions au niveau de l’oro-pharynx pour éviter une inhalation. Une VA avec des gaz secs et/ou froids favorise l’apparition de lésions de l’épithélium ciliaire et d’ulcérations de la muqueuse trachéo-bronchique, l’épaississement des sécrétions bronchiques, l’encombrement et les atélectasies. Pour ces raisons, l’humidification des gaz au cours d’une VA est nécessaire. Cependant un juste milieu doit être trouvé entre le risque d’une humidification insuffisante et celuid’une humidification excessive avec inondation du circuit et des voies aériennes. Les échangeurs de chaleur et d’humidité sont des filtres faisant fonction de nez artificiel. Ils humidifient et réchauffent les gaz inhalés mais aussi protègent le circuit, le respirateur et le patient de toute contamination croisée. Ils doivent être adaptés à l’âge (espace mort) et changés obligatoirement toutes les 24 heures. Ces filtres doivent être changés tous les jours.

-          Soins au niveau de la sonde d’intubation et de l’orifice trachéal. L’intubation oro-trachéale nécessite une hygiène rigoureuse de la bouche avec application d’un protocole de décontamination oro-pharyngée. Ce soin est répété 3 à 4 fois par jour et s’inscrit dans les soins au patient intubé ou trachéotomisé. Une aspesie rigoureuse est nécessaire au niveau de l’orifice trachéal. La métalline ou la compresse doit être changée au moins une fois par jour.

-          Les aspirations trachéobronchiques doivent être régulières pour éviter l’encombrement bronchique, les accidents de surpression et les obstructions de la sonde d’intubation. Ces aspirations doivent être atraumatiques, aspetiques, rapides (<20 sec) et peu fréquentes. Elles font l’objet d’un protocole spécifique à chaque service mais dont la base est : port du masque et de gants stériles par l’IDE ; usage d’un champ stérile, utilisation de sondes stériles à usage unique jetées après chaque utilisation. En pratique pour la cavité buccale et l’oropharynx, la sonde peut être introduite à travers la canule de Guedel de part et d’autre de celle-ci, ou par voie nasale perpendiculairement au massif facial. Pour la trachée et les bronches, la sonde doit être introduite doucement dans la sonde d’intubation puis remontée en aspirant, sans mouvements de va-et-vient qui sont traumatisants. Des sytèmes clos de type Stéri-cath placés entre la sonde ou la canule et le filtre permettent actuellement de limiter les contacts et les conséquences de multiples manipulations surtout chez les patients à haut risque infectieux.

 

AUTRES REGLES DE PREVENTION :

-          Le buste du patient est toujours légèrement surélevé (sauf contre-indication médicale) pour éviter les microinhalations de liquide digestif

-          Le siphonnage gastrique est systématique chez tout patient ventilé, en dehors des périodes de reprises de l’alimentation entérale. Dans ce dernier cas, le patient est en position demi-assise. Au début de la reprise alimentaire, un contrôle du contenu gastrique se fera régulièrement pour s’assurer de la reprise du transit.

-          La mobilisation des sécrétions par des changements posturaux, rotation latéralisée, voire mise en décubitus ventral (meilleur moyen d’aérer les zones déclives). Ces changements de position sont effectués manuellement (nombreux personnels) ou à l’aide de support à coussin d’airt prévu à cet effet (type Pulmonair).

-          La fluidification/aérosolisation disponible actuellement sur de nombreux ventilateurs peut faciliter la mobilisation de sécrétions épaisses.

-          La kinésithérapie active et passive est incontournable, idéalement réalisée par un kinésithérapeute affecté dans le service de réanimation, mais aussi par le personnel infirmier du service.

 

LE TRAITEMENT est essentiellement antibiotique, prescrit au vu de l’antibiogramme, à la suite des BPB itératifs et/ou des fibro-aspirations bronchiques avec lavage bronchoalvéolaire ou cytobrossage. Les antibiotiques devront être injectés à heure régulière, selon leur propre dilution, en des temps spécifiques, par voie intraveineuse ou parfois in situ.

 

 

 

 

 

PROTOCOLE DE SOINS – VENTILATION ARTIFICIELLE

 

La ventilation artificielle a pour but de maintenir ou restaurer l’hématose en cas d’incapacité ventilatoire totale ou partielle pendant une durée variable.

Il existe une étroite dépendance du patient avec la « machine » qui impose la compréhension des principes généraux de fonctionnement d’un ventilateur et la vigilance du personnel soignant.

 

QUELQUES COMPARAISONS

VENTILATION SPONTANEE

L’air inspiré est filtré, réchauffé, humidifié par les fosses nasales.

Inspiration : phénomène actif

Expiration : phénomène passif

L’expansion thoraco-pulmonaire est liée à la dépression régnant dans l’espace pleural

PRESSION NEGATIVE

VENTILATION ASSISTEE

Bouche-à-bouche, insufflateur manuel, ventilateur électro-pneumatique

Le mélange gazeux insufflé est : filtré, réchauffé, humidifié, par filtre antibactérien

Insufflation : imposée selon fréquence, volume et/ou pression

Expiration : totale ou limitée

L’expansion thoraco-pulmonaire est provoquée par une augmentation de la pression pulmonaire.

Ventilation en PRESSION POSITIVE.

 

PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT

                Voir figures du chapitre.

 

PRINCIPES DE VENTILATION

                L’utilisation de différents modes ventilatoires doit permettre d’obtenir une oxygénation tissulaire minimale. Cet objectif doit être atteint en évitant cependant la iatrogénicité ventilatoire secondaire à des volumes, pressions, ou concentrations d’oxygène trop élevés. Cela nécessitera parfois d’avoir recours à une sédation (morphiniques, hypnotiques) voire une curarisation, pour obtenir une adaptation optimale du patient au ventilateur.

De la prise en charge totale VC (ventilation contrôlée), à l’assistance ventilatoire partielle VS + AI (ventilation spontanée + aide inspiratoire), beaucoup d’intermédiaires sont actuellement possibles, impliquant une participation plus ou moins importante du patient à sa ventilation.

Différents artifices permettent d’accroître l’efficacité de la ventilation assistée :

-          Pression expiratoire positive

-          Modification du rapport temps inspiratoire sur temps expiratoire

-          Ventilation en décubitus latéral ou ventral

-          Adjonction de NO

-          Extraction extracorporelle de CO2.

 

 

sevrage et extubation

 

Le sevrage est une phase de transit comprise entre la période de ventilation mécanique et la ventilation spontanée de façon permanente, conduisant à l’ablation de la prothèse endotrachéale. C’est une période difficile qui peut durer de plusieurs heures à plusieurs jours.

Le but est de passer d’une ventilation contrôlée à une VS en passant par des modes d’assistance ventilatoire partielle de type VS-AI avant une VS sur pièce en T. La pièce en T comprend un espace mort réduit, reproduisant quasiment la respiration physiologique ; il s’agit d’un véritable test d’endurance.

Cette phase de sevrage sera associée à des mesures non ventilatoires : kinesithérapie, aérosols de beta-mimétiques…

 

QUAND DEBUTER LA PHASE DE SEVRAGE ?

La pathologie responsable de la défaillance respiratoire est contrôlée, l’infection respiratoire en voie de guérison. La sédation est arrêtée ; le patient répond aux ordres simples.

-          Il est nécessaire de noter l’absence des signes suivants :

  • Pas d’insuffisance ventriculaire gauche
  • Pas d’anémie
  • Pas d’acidose métabolique
  • Pas de trouble de la déglutition
  • Pas de neuropathie de réanimation
  • Pas de signe de dénutrition

-          Les critères gazométriques suivants doivent être réunis : PaO2 > 60 mmHg, FiO2 < 40 %, PEP < 5 cmH2O.

 

 

conclusion

 

La VA s’avère nécessaire dans la prise en charge d’une détresse respiratoire. Il s’agit d’une technique aggressive dont il faut connaître les risques. La surveillance permet d’en juger l’efficacité mais aussi de dépister les complications. Comprendre le mécanisme de ces complications permet de mieux les prévenir.

 

 

DEMARCHE INFIRMIERE – PATIENT VENTILE

 

Prévenir ou participer à la prise en charge de toute altération de l’état clinique du patient passe par une surveillance rigoureuse et des soins de qualité. L’environnement de haute technologie ne doit pas faire oublier l’importance de la relation humaine.

 

VERIFICATION DU VENTILATEUR DANS SON FONCTIONNEMENT ET SES ALARMES

                Les réglages minimaux de sécurité que permettent la majorité des respirateurs sont :

-          L’alarme de volume inspiratoire minimal signalant un débranchement ou une fuite sur le circuit

-          L’alarme de surpression signalant un obstacle à l’écoulement des gaz ; le flux gazeux est évaxué vers l’extérieur par la valve de surpression

-          L’alarme de défaut de gaz (O2) : en cas de défaut d’alimentation en O2, le ventilateur délivrera le volume programmé en prélevant de l’air ambiant par la valve d’air additionnelle

-          L’alarme de défaut électrique : nécessité d’avoir à proximité un insufflateur manuel pour suppléer à toute panne.

 

 

CONTROLES REGULIERS DES PARAMETRES VENTILATOIRES

Des spirométries comparatives entre valeurs inspiratoires programmées et valeurs expiratoires affichées seront réalisées périodiquement ainsi qu’après chaque mobilisation du patient. Elles permettront de vérifier les valeurs de volume, pression, fréquence, FiO2, rapport I/E, PEP, mode ventilatoire.

-          Toute haute pression fera rechercher :

  • Un obstacle sur le circuit : morsure de la sonde (intubation orotrachéale), obstruction par sécrétions, coudure d’un tuyau…
  • Un déplacement de la sonde d’intubation avec ventilation sélective à droite
  • Un pneumothorax iatrogène

-          Toute basse pression ou bas volume sera le signe :

  • De débranchement du patient
  • D’une fuite sur le circuit : piège à eau mal connecté, ballonnet insuffisamment gonflé

-          Tout haut volume ou haute fréquence sera souvent le témoin d’un malade désadapté du respirateur :

  • Sédation insuffisante
  • Problème métabolique
  • Besoins ventilatoires non satisfaits

La surveillance des modifications de l’hématose sera souvent facilitée par le monitorage de la saturation en oxygène (SpO2) et de la capnie (PETCO2).

 

SURVEILLANCE CLINIQUE

La surveillance portera sur l’adaptation correcte du patient au respirateur (ampliation thoracique régulière et symétrique, absence de tirage, de balancement thoraco-abdominal) et la recherche des signes d’hypoxie (cyanose des extrémités) et d’hypercapnie (sueurs, HTA).

Toute modification notée au cours de la surveillance sera signalée au médecin qui, souvent, demandera une radiographie thoracique de contrôle et une analyse des gaz du sang artériels avant un réajustement thérapeutique.

 

SOINS SPECIFIQUES

La cavité bucco-pharyngée sera aspirée et désinfectée régulièrement. La position et la fixation de la sonde sera contrôlée en particulier après chaque mobilisation du patient (auscultation, distance arcade dentaire – extrémité de la sonde).

Le filtre antibactérien sera changé tous les jours ou selon son degré de saturation.

Le ballonnet de la sonde sera légèrement dégonflé de façon périodique après aspiration buccale et en dehors des épisodes d’alimentation entérale (risque de régurgitation et d’inhalation bronchique).

Les aspirations des sécrétions endotrachéales doivent être douces, aseptiques et atraumatiques : l’aspiration s’effectue en remontant. La fréquence des aspirations, ainsi que l’aspect des sécrétions seront notés.

 

 

 

POINTS CLES

  1. La ventilation artificielle (VA) est une des techniques fondamentales de réanimation. Elle nécessite la mise en œuvre d’un appareillage complexe et de moyens invasifs (sonde d’intubation, canule de trachéotomie) qui peuvent être source de complications potentiellement mortelles.
  2. Il existe deux grands groupes d’indication ; les indications de nécessité en présence d’une détresse respiratoire menaçante ; les indications « prophylactiques » par exemple au cours d’un état de choc pour améliorer l’oxygénation tissulaire ou lorsqu’une sédation est justifiée chez un traumatisé crânien par exemple.
  3. Le but de la VA est double : suppléer la défaillance de la fonction pompe et l’insuffisance de la fonction d’oxygénation du poumon. En pratique, la VA commence à l’assistance ventilatoire réalisée au masque et à l’insufflateur manuel et va jusqu’à la ventilation mécanique à l’aide d’un ventilateur. Au cours d’une VA la surveillance doit porter sur le patient et l’efficacité de la ventilation. Le dépistage des complications respiratoires et infectieuses doit être une préoccupation constante.

 

 

CH. 11 – TRANSPORTS INTRA-HOSPITALIERS

 

Les contraintes

 

Les recommandations

Modalités d’organsation des transports – Soins et surveillance au cours du transport – Matériel nécessaire – Moyen de transport – Composition de l’équipe de transport

 

En pratique

 

Annexe VI. Composition du sac d’urgence destiné aux transports intrahospitaliers.

 

 

 

CH. 11 – TRANSPORTS INTRA-HOSPITALIERS

 

Le transport intrahospitalier d’un patient atteint d’une détresse vitale, qu’elle soit manifeste, latente ou imminente, ou au pronostic fonctionnel gravement menacé, est souvent nécessaire à la mise en œuvre d’une stratégie diagnostique (transfert vers le scanner, l’IRM ou l’angiographie) ou thérapeutique (transfert vers le bloc opératoire pour un acte chirurgical ou à partir d’un autre service de l’établissement pour une prise en charge en réanimation d’une détresse vitale).

C’est le cas du polytraumatisé qui inévitablement doit sortir du service pour compléter le bilan radiologique, réaliser un scanner, une angiographie ou être transporté vers le bloc opératoire.

Dans tous les cas, le transport doit respecter trois principes :

-          Etre compatible avec l’état du patient

-          Permettre la continuité de la surveillance et des soins du patient

-          Prévenir l’aggravation de lésions potentielles du patient

 

les contraintes

 

Les contraintes de ces transports sont doubles.

 

LIEES A L’ETAT DU PATIENT :

-          Instabilité hémodynamique souvent aggravée par le transport

-          Détresse ventilatoiree et/ou neurologique nécessitant le contrôle des voies aériennes et une assistance ventilatoire

-          Utilisation d’amines vasopressives pour maintenir une tension artérielle suffisante

-          Sédation

 

LIEES AUX CONDITIONS TECHNIQUES :

-          Eloignement des services, nécessité d’utiliser un ascenseur, un véhicule

-          Nécessité de manutentions répétées du patient risquant d’aggraver les lésions ou de favoriser un accident à type d’extubation ou d’ablation d’une voie veineuse.

-          Durée du séjour en dehors du service pouvant se prolonger au-delà d’une heure (scanner, artériographie…)

-          Eventualité d’avoir à réaliser un geste technique dans un lieu qui ne s’y prête pas (intuber dans un couloir, drainer un thorax au scanner…)

-          Nécessité de prévoir et d’emporter le matériel et les médicaments indispensables (perfusion, oxygène, amines).

 

les recommandations

 

Face à ce probleme, la Société Française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) a édité des recommandations concernant les modalités de ces transports à risque, dans lesquelles les modalités d’organisation, les soins et surveillance au cours des transports, les matériels nécessaires, les moyens de transport, la composition de l’équipe de transport ainsi que le rôle de l’infirmier et/ou de l’infirmier-anesthésiste sont précisés.

 

modalites d’organisation des transports

 

La décision de transfert est prise conjointement par les médecins du service de départ et du service receveur. Schématiquement ce type de transfert intrahospitalier peut concerner des transports entre une unité d’anesthésie ou de réanimation et une unité ne relevant pas de ces spécialités. Dans le premier cas, la prise en charge du patient est assurée, conjointement par les deux équipes qui peuvent se transférer la responsabilité du patient. Dans le deuxième cas, c’est l’équipe d’anesthésie ou de réanimation qui en assure l’organisation et la réalisation.

 

soins et surveillance au cours du transport

 

AVANT LE TRANSPORT, le médecin responsable du patient et celui organisant le transport évaluent l’état du patient, adaptent les soins en cours et les éléments de surveillance aux circonstances.

 

AU COURS DU TRANSPORT, le patient est soumis à une surveillance constante et adaptée à son état. Elle porte sur des éléments cliniques permettant de détecter une détresse respiratoire, cardiovasculaire ou neurologique et sur les éléments spécifiques qui peuvent être nécessités par l’affection dont est atteint le patient ou par les thérapeutiques entreprises et poursuivies au cours du transport. Il est hautement souhaitable que la surveillance clinique soit complétée par une surveillance continue de la saturation artérielle en oxygène et de l’électrocardiogramme. Il est recommandé de renforcer la surveillance des paramètres vitaux et des éléments de soins et de monitorage au décours de différentes mobilisations des patients.

 

A L’ARRIVEE DANS L’UNITE qui reçoit le patient et avant de la quitter, l’équipe de transport s’assure que la continuité des soins et de la surveillance est respectée, tout particulièrement lorsque le motif du transport est la réalisation d’un examen complémentaire.

 

materiel necessaire

 

L’équipe de transfert doit disposer du matériel permettant la prise en charge d’une détresse respiratoire, circulatoire ou neurologique. Ce matériel doit permettre en particulier de poursuivre dans de bonnes conditions l’assistance ventilatoire, la perfusion de solutés et l’administration de médicaments. Si des médicaments spécifiques sont nécessaires au traitement de la pathologie en cours de transport, ils doivent être disponibles.

Le matériel recommandé pour le transport intrahospitalier de courte durée d’un patient stable doit être portable, autonome en énergie et comprendre au minimum une quantité d’oxygène en bouteille adaptée à la durée du transport, un insufflateur manuel (avec un masque), un ventilateur de transport automatique muni d’une alarme de débranchement (si le patient est ventilé artificiellement) ; un oxymètre de pouls, un électrocardioscope de transport et un tensiomètre manuel.

Lorsque le transport est de longue durée ou que l’état du patient le nécessite, l’équipe doit pouvoir disposer en outre des éléments suivants : un capnomètre ou un capnographe, un spiromètre branché sur le respirateur, un système d’aspiration ; un dispositif automatique non invasif de mesure de la pression artérielle par voie sanglante portable, si le patient est déjà monitoré par cette technique ; un ou plusieurs dispositifs de perfusion à débit continu, tel qu’un pousse seringue électrique portable ; un défibrillateur ; un système d’entraînement électro-systolique portable (le cas échéant) ; un lit ou un brancard adapté au transport du malade, ainsi que du matériel de surveillance et de traitement.

 

moyen de transport

 

A l’intérieur de l’hôpital, le choix du moyen de transport est dicté par la distance, la durée, les circonstances du transport et l’état du patient. Il peut s’agir du lit du patient, d’un brancard spécial ou d’une ambulance. Le moyen de transport choisi doit permettre la disposition du matériel nécessaire à la thérapeutique et à la surveillance du patient.

 

composition de l’equipe de transport

 

L’équipe de transport comprend : deux brancardiers, un médecin dont les compétences sont adaptées à l’état du patient et aux circonstances du transport. Lorsque l’état du patient l’autorise, la responsabilité du transport peut être confiée de préférence à un infirmier – anesthésiste diplômé d’Etat ou à un infirmier diplômé d’Etat. Dans ce cas, le transport est effectué sous la responsabilité d’un médecin qui peut être appelé à intervenir à tout moment.

 

 

en pratique

 

L’équipe médicale en charge du transport doit adapter les soins en cours et les éléments de surveillance aux circonstances. Cette surveillance porte sur des éléments cliniques à la recherche d’une détresse respiratoire, cardio-vasculaire et neurologique, et sur des éléments spécifiques liés à l’affection. Elle est complétée par une surveillance continue de la saturation artérielle en oxygène (SpO2) et de l’électrocardioscope, réalisées par des dispositifs portables et suffisamment autonomes en énergie. L’équipe médicale doit également disposer des moyens permettant la prise ne charge d’une détresse respiratoire, circulatoire ou neurologique (Annex VI).

Le matériel recommandé pour le transport intra hospitalier de courte durée d’un patient stable doit comprendre au minimum :

-          Une quantité d’oxygène en bouteille adaptée à la durée du transport

-          Un insufflateur manuel (avec un masque)

-          Un ventilateur de transport automatique muni d’une alarme de débranchement

-          Un oxymètre de pouls

-          Un électrocardioscope de transport

-          Un tensiomètre manuel

Pour des transports de plus longue durée ou lorsque l’état du patient le nécessite, l’équipe doit pouvoir disposer en outre des éléments suivants :

-          Un capnomètre ou un capnographe, un spiromètre branché sur le respirateur, un système d’aspiration

-          Un dispositif automatique non invasif de mesure de la pression artérielle (ou un dispositif de mesure de la pression artérielle par voie sanglante portable, si le patient est déjà monitoré par cette technique).

-          Un ou plusieurs dispositifs de perfusion à débit continu, tel qu’un pousse seringue électrique portable

-          Un défibrillateur

-          Le cas échéant un système d’entraînement électrosystolique portable

-          Un dispositif de prévention de l’hypothermie, au minimum une couverture de survie.

 

 

 

POINTS CLES

  1. Le transport intrahospitalier d’un patient atteint d’une détresse vitale, qu’elle soit manifeste, latente ou imminente, est souvent nécessaire ; mais déplacer un patient instable, sous amines vasopressives et ventilé n’est pas sans risque.
  2. Trois principes doivent être respectés : être compatible avec l’état du patient, permettre la continuité de la surveillance et des soins, prévenir l’aggravation de lésions potentielles du patient
  3. Des  recommandations, concernant les modalités de ces transports à risque, ont été édictées en 1994 par la Société française d’anesthésie réanimation. Les modalités d’organisation, les soins et la surveillance au cours des transports, les matériels nécessaires, les moyens de transport, la composition de l’équipe de transport ainsi que le rôle de l’infirmier et/ou de l’infirmière anesthésiste y sont précisés.

 

 

 

annexe VI – COMPOSITION DU SAC D’URGENCE DESTINE AUX TRANSPORTS INTRAHOSPITALIERS

 

INTUBATION

Laryngoscope                         1

Lames (n° 3 et 4)                    1 + 1

Piles LR 14                             2

Pince de Magyl                       1

Canule de Guedel (n°3 et 4)    1 + 1

Flacon de xylocaine 5 %         1

Canule pour xylocaine            1

Lac de maintien                      1

Seringue de 10 ml                   1

Mandrin orientable                 1

Rouleau de sparadrap (5 * 2 cm)            1

 

VENTILATION

Insufflateur manuel                1

Valve unidirectionnalle           1

Réservoir enrichisseur d’O2   1

Masque n° 3                           1

Masque n° 5                           1

Filtre antibactérien                  1

 

MEDICAMENTS D’URGENCE

Adrénaline 5 mg                     5

Atropine 1 mg                         5

Diprivan seringue                   2

Hypnomidate 20 mg                               2

Sérum physiologique 10 ml    10

Hypnovel 5 mg                       2

Effortil 10 mg                         2

Sérum glucosé 30 % 20 ml     2

Norcuron                                2

 

SURVEILLANCE

Tensiomètre                            1

Stéthoscope                            1

 

OXYGENATION   

Sonde d’intubation n° 7          1

Sonde d’intubation n) 7,5       2

Sonde d’intubation n° 8          2

Sonde d’intubation n° 8,5       1

Tuyau à O2                             1

Mini-Trach                             1

Pleurocath                                              1

Sonde d’aspiration n° 14        2

Sonde d’aspiration n° 16        2

Valve de Heimlich                  1

Sachet compresses stériles      3

 

SAC A URINES STERILE

Gants stériles n° 7,5                               2

Gants stériles n° 8                   2

 

PERFUSIONS

Cathlon n° 14 G                      2

Cathlon n° 16 G                      2

Cathlon n° 18 G                      2

Cathlon n° 20 G                      2

Garrot                                     2

Perfuseur avec robinet à 3 voies             2

Opsite 10 * 14 cm                  4

 

POCHE PERFUSION

Ringer lactate 500 ml                              2

Hestéril poche 500 ml             2

 

SERINGUES

Seringue 20 ml                        2

Seringue 10 ml                        4

Seringue 5 ml                          2

Aiguille IV (bleue)                  5

Trocard                                   5

 

 

 

 

 

troisieme partie

 

l’infirmier en salle de surveillance
post-interventionnelle

 

 

 

 

CH.12 – SALLE DE SURVEILLANCE POST-INTERVENTIONNELLE

 

Introduction

 

Données épidémiologiques ou évaluation du risque

 

Solutions

 

Réglementation

                Décret 94-1050 – Les recommandations concernant la surveillance et les soins postanesthésiques – En pratique

 

Rôle de l’IADE en salle de réveil

                Surveillance et prise en charge des patients – Gestion de la salle de réveil – Administration en salle de réveil

 

Conclusion

 

 

 

 

 

CH.12 – SALLE DE SURVEILLANCE POST-INTERVENTIONNELLE

 

introduction

 

Le réveil anesthésique est la période qui s’étend de la fin de l’acte opératoire, diagnostique ou thérapeutique, à la disparition des effets des produits anesthésiques utilisés au cours d’une anesthésie qu’elle soit générale, locorégionale ou locale. Au cours de cette période, le patient cumule les effets liés à une récupération incomplète de l’anesthésie et les conséquences de l’acte opératoire, radiologique ou endoscopique.

 

donnees epidemiologiques ou evaluation du risque

 

L’enquête de l’INSERM, réalisée sur près de 200 000 anesthésiés entre 1978 et 1982, a clairement fait ressortir que :

-          C’est au cours de cette période que survient la majorité des accidents liés à l’anesthésie (42 %)

-          Les accidents du réveil sont plus fréquemment graves (60 % sont à l’origine de décès ou de comas persistants)

-          Leur pronostic est habituellement plus sévère. La mortalité des accidents du réveil est de 37 % alors qu’elle n’est que de 16 % pour les accidents per anesthésiques.

-          Le délai de survenue de ces accidents est généralement court. Ces accidents sont observés pour 50 % au cours de la première heure de la phase de réveil post anesthésique.

Durant la période de réveil, les accidents respiratoires et cardio-vasculaires sont les plus fréquents. Les accidents respiratoires sont à l’origine de 40 % des décès ou comas persistants, et sont d’autant plus dramatiques qu’ils touchent des patients ASA I (American Society of Anesthesiology : la norme ASA, graduée de I à V, permet de mesurer la gêne occasionnée et la gravité de l’atteinte). La dépression respiratoire qui survient dans 70 % des cas au cours de la première heure, est le principal mécanisme, suivi par l’inhalation de liquide gastrique. Les accidents cardiovasculaires (hypotension, hypertension, arythmie, ischémie myocardique) constituent près de la moitié des accidents du réveil. Leur pronostic est plus sévère puisque la mortalité de ces accidents est de 50 %. Ces accidents surviennent principalement (80 % des cas) chez des patients ASA III et IV, porteurs de troubles cardio-vasculaires sévères. Chez les patients coronariens, le risque d’épisode d’ischémie myocardique atteint 41 % des patients opérés d’une chirurgie non cardiaque.

 

Classe I   Patient en bonne santé

Classe II Patient présentant une atteinte modérée d’une grande fonction

Classe III                Patient présentant une atteinte sévère d’une grande fonction qui n’entraîne pas l’incapacité

Classe IV                Patient présentant une atteinte sévèred’une grande fonction, invalidante et qui met en jeu le pronostic vital

Classe V Patient moribond, dont l’espérance de vie est inférieure à 24 heures avec ou sans intervention chirurgicale.

U             Si l’intervention est pratiquée en urgence, on rajoute « U » à la classe considérée.

Tab. 12.1. Classification de l’American Society of Anesthesiologists (ASA).

Cette classification, graduée de I à V, permet de mesurer la gêne occasionnée et la gravité de l’atteinte

 

solutions

 

L’analyse des accidents survenant au décours de l’anesthésie a poussé le législateur à édicter dès 1974 un certain nombre de règles. Les circulaires ministérielles n° 394 du 30 avril 1974, n° 340 DGS/POS 3 A du 23 mars 1982 et n° 431 / 4B DGS / 3 A du 27 juin 1985 officialisent la nécessité d’une surveillance continue en phase de réveil du patient anesthésié et recommandent la création de salles de réveil. Les recommandations concernant la surveillance et les soins postanesthésiques ont été regroupées et précisées par la société française d’anesthésie réanimation en 1990. Le décret 94-1050 du 5 décembre 1994 rend obligatoire cette surveillance post interventionnelle pour contrôler les effets résiduels de l’anesthésie et faire face aux complications liées non seulement à l’anesthésie, mais aussi à l’intervention. D’où le nom « salle de surveillance post-interventionnelle » (SSPI) qui remplace « salle de réveil ». Les études épidémiologiques récentes montrent une amélioration de la prise en charge des patients durant cette période. Dans l’étude de l’INSERM, 33,6 % des patients passaient en salle de réveil. Actuellement plus de 90 % passent par la SSPI avant de rejoindre le service d’hospitalisation. En revanche, il est étonnant de constater qu’en dépit des progrès réalisés sur le plan technique et le développement du monitorage, les complications de la période post opératoire restent les mêmes.

 

reglementation

 

decret 94-1050

 

Décret 94-1050 du 5 décembre 1994 relatif aux conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé en ce qui concerne la pratique de l’anesthésie et modifiant le code de la santé publique.

La surveillance continue post-interventionnelle a pour objet de contrôler les effets résiduels des médicaments anesthésiques et leur élimination et de faire face, en tenant compte de l’état de santé du patient, aux complications éventuelles liées à l’intervention ou à l’anesthésie (article D.712-45). Cette surveillance commence en salle, dès la fin de l’intervention et de l’anesthésie. Elle ne s’interrompt pas pendant le transfert du patient et elle se poursuit jusqu’au retour et au maintien de l’autonomie respiratoire du patient, de son équilibre circulatoire et de sa récupération neurologique.

Sauf pour les patients dont l’état de santé nécessite une admission directe dans une unité de soins intensifs ou de réanimation, la surveillance qui suit le transfert du patient est mise en œuvre dans une salle de surveillance post-interventionnelle. (SSPI) (article D. 712-46)

La SSPI est dotée de dispositifs médicaux permettant pour chaque poste installé : l’arrivée de fluides médicaux et l’aspiration par le vide ; le contrôle continu du rythme cardiaque et l’affichage du tracé électrocardioscopique, l’affichage d’alarme et le contrôle de la saturation du sang en oxygène ; la surveillance périodique de la pression artérielle ; les moyens nécessaires au retour à un équilibre thermique normal pour le patient (article D 712 – 47). Elle est en outre équipée : d’un dispositif d’alerte permettant de faire appel aux personnels nécessaires en cas de survenance de complications dans l’état d’un patient ; d’un dispositif d’assistance ventilatoire, muni d’alarmes de surpression et de débranchement ainsi que d’arrêt de fonctionnement. Les personnels exerçant dans cette salle doivent pouvoir accéder sans délai au matériel approprié, permettant la défibrillation cardiaque des patients ainsi que l’appréciation du degré de leur éventuelle curarisation.

La SSPI doit être située à proximité d’un ou plusieurs sites ou sont pratiquées les anesthésies et dont le regroupement doit être favorisé, notamment des secteurs opératoires et des secteurs où sont pratiqués les actes d’endoscopie ou de radiologie interventionnelle (article D 712-48). Ses horaires d’ouverture doivent tenir compte du tableau fixant la programmation des interventions et de l’activité de l’établissement au titre de l’accueil et du traitement des urgences. Toute nouvelle SSPI, y compris lorsqu’elle est créée par regroupement de salles existantes afin notamment de respecter les normes de personnel paramédical, doit comporter une capacité minimale de quatre postes.

Les patients admis dans une SSPI sont pris en charge par un ou plusieurs agents paramédicaux, affectés exclusivement à ladite salle pendant sa durée d’utilisation et dont le nombre est fonction du nombre de patients présents (article D 712-49). Pendant sa durée d’utilisation, toute SSPI doit comporter en permanence au moins un infirmier diplômé d’Etat formé à ce type de surveillance, si possible infirmier anesthésiste diplômé d’Etat. Lorsque la salle dispose d’une capacité égale ou supérieure à six postes occupés, l’équipe paramédicale doit comporter au moins deux agents présents dont l’un est obligatoirement un infirmier diplômé d’Etat formé à ce type de surveillance, si possible, infirmier anesthésiste diplômé d’Etat.

Le personnel paramédical est placé sous la responsabilité médicale d’un médecin anesthésiste réanimateur qui doit pouvoir intervenir sans délai. Ce médecin décide du transfert du patient dans le secteur d’hospitalisation et des modalités dudit transfert et autorise, en accord avec le médecin ayant pratiqué l’intervention, la sortie du patient de l’établissment dans le cas d’une intervention effectuée dans une structure de soins alternative à l’hospitalisation pratiquant l’anesthésie ou la chirurgie ambulatoire.

 

les recommandations concernant la surveillance et les soins post anesthesiques

 

(SFAR 1994)

 

LA SSPI

 

La SSPI est située à proximité du bloc opératoire pour limiter la durée de transport du patient et permettre l’intervention rapide d’un médecin anesthésiste. Elle est correctement ventilée et facile à désinfecter, et dispose d’un moyen de communication rapide avec le bloc opératoire (interphone par exemple) et le(s) médecin(s) anesthésite(s).

Elle est en mesure d’accueillir l’ensemble des patients relevant d’une surveillance postanesthésique. Les horaires de fonctionnement sont adaptés au type d’activité de l’établissement. Dans ceux admettant jour et nuit des urgences, la structure et son personnel sont en mesure d’accueillir de façon permanente des patients en phase de réveil. La possibilité d’isolement des cas septiques doit exister.

La SSPI dispose de l’équipement nécessaire à la surveillance de l’opéré ainsi qu’au rétablissement et au maintien des fonctions vitales. Chaque emplacement de lit doit être équipé d’un nombre suffisant de prises électriques, de prises d’oxygène, d’air médical et de vide. En cas d’utilisation de chariots au lieu de lits, ceux-ci doivent offrir les conditions de sécurité et de confort indispensables. Tout patient doit pouvoir bénéficier d’une surveillance par moniteur ECG et oxymètre de pouls si son état le requiert. Le matériel nécessaire au traitement de l’arrêt circulatoire (défibrillateur), à la ventilation manuelle et instrumentale (ventilateur), est disponible. Tout ventilateur doit comporter une alarme de surpression, de débranchement et d’arrêt de fonctionnement. La SSPI dispose de moyens nécessaires au diagnostic et au traitement de l’hypothermie. Ce matériel de base est complété en fonction du type de patients et d’actes effectués. Le matériel d’usage occasionnel (moniteur de curarisation par exemple) peut être commun à la SSPI et au bloc opératoire si celui-ci est contigu.

 

LE PERSONNEL DE LA SSPI

 

En SSPI, le patient est surveillé par un personnel infirmier et qualifié, sous la direction d’un médecin anesthésiste réanimateur. Celui-ci est soit spécialement chargé de la SSPI, soit présent au bloc opératoire ou dans l’établissement et en mesure d’intervenir rapidement. Le personnel infirmier est entraîné à reconnaître l’atteinte d’une fonction vitale et à pallier sa défaillance en attendant l’arrivée du médecin. En SSPI la présence d’au moins un infirmier spécialisé en anesthésie réanimation est recommandée. La présence d’au moins un infirmier pour 3 patients est requise pour assurer la surveillance adéquate de trois patients simultanément. En tout état de cause, le nombre de personnes effectivement présentes en SSPI ne doit jamais être inférieur à deux.

Un médecin anesthésiste raéanimateur dirige la surveillance, prescrit le traitement, en particulier l’analgésie postopératoire, assure la liaison avec le chirurgien ou spécialiste, et décide du moment de sortie des patients. Hormis les cas d’urgence, une prescription médicamenteuse, faite pendant le séjour du patient en salle de réveil par un autre médecin, n’est exécutée qu’après accord du médecin anesthésiste réanimateur responsable.

 

ADMISSION DES PATIENTS EN SSPI

 

A l’issue d’une anesthésie générale, locorégionale et/ou d’une sédation, susceptibles d’avoir

des répercutions respiratoires, circulatoires, neuropsychiques, tout patient est soumis à une surveillance spécifique par un personnel compétent dans une salle de réveil adaptée à cet usage. Il y séjourne jusqu’à la récupération de fonction vitales stables.

Pour des raisons d’ordre médical, certains patients sont immédiatement ou secondairement transférés dans une unité de réanimation. Ils doivent pouvoir y bénéficier d’une surveillance et de soins adaptés à l’état d’un sujet en phase de réveil, tels qu’ils sont précisés dans ce document.

 

SURVEILLANCE DES PATIENTS EN SSPI

 

A l’arrivée en SSPI, une transmission verbale et écrite est effectuée entre la personne accompagnante, l’infirmier d’accueil et/ou le médecin anesthésiste responsable de la salle de réveil. Elle porte sur l’anesthésie et l’acte effectués ainsi que sur la surveillance et les soins particuliers à assurer. La personne accompagnante reste avec le patient jusqu’au moment où celui-ci est pris en charge.

En SSPI, le patient est soumis à une surveillance constante et adaptée à son état. Elle concerne en particulier l’oxygénation et la ventilation, la circulation, l’état de conscience, la température, les effets résiduels de  l’anesthésie générale, de l’anesthésie locorégionale ou de la sédation, la fréquence cardiaque et la pression artérielle ainsi que l’état neurologique sont surveillés et notés régulièrement. Elle est renforcée lors d’un sevrage du ventilateur et dans les suites de l’extubation trachéale. La surveillance porte aussi sur les accès vasculaires, la zone opératoire (pansements, drains, installations particulières), les pertes sanguines et la diurèse, le ventilateur et les autres appareils utilisés. La surveillance clinique de base est complétée par un monitorage instrumental, en particulier un moniteur ECG et un oxymètre de pouls si l’état du patient le requiert.

La durée du séjour en SSPI dépend de l’état du patient, de l’anesthésie, de l’intervention et de ses suites. La sortie est décidée par un médecin anesthésiste quand le patient a récupéré ses réflexes de protection, un niveau de coopération proche de celui qu’il avait avant l’acte et quand la survenue à brève échéances de complications respiratoires et circulatoires est devenue improbable. La sortie de SSPI et le retour à domicile des patients ambulatoires obéissent à des critères particuliers.

Les principales informations, en particulier l’heure d’entrée et de sortie de la SSPI, l’état du patient et son évolution, le nom de l’IADE ou de l’IDE ayant assuré la surveillance et celui du médecin qui a décidé de la sortie ainsi que les prescriptions, sont inscrites sur une feuille de réveil ou sur la feuille d’anesthésie. Ces documents doivent être conservés. Arrêté du 3 octobre 1995 relatif aux modalités d’utilisation et de contrôle des matériels et dispositifs médicaux assurant les fonctions et actes cités aux articles D 712 – 43 D 712 – 47 du code de la santé publique.

Cet arrêté fixe les conditions d’utilisation et de contrôle des matériels d’anesthésie et par conséquent de ceux de SSPI : la vérification et le bon fonctionnement des appareils est effectuée à l’ouverture de la SSPI et au début de la surveillance de chaque patient. Le résultat de ces vérifications est consigné dans un registre.

 

en pratique

 

La législation et les recommandations concernant la surveillance et les soins postopératoires sont appliquées pour le fonctionnement de la SSPI et pour la prise en charge des patients en postopératoire immédiat.

Tous les patients ayant bénéficié d’une intervention chirurgicale, d’un acte diagnostique ou thérapeutique, sous anesthésie générale, sédation ou anesthésie locorégionale sont surveillés en SSPI. La seule exception est le patient dont l’état de santé nécessite une admission directe en réanimation.

Seule la SSPI peut être utilisée pour la surveillance des patients durant la période post opératoire. Aucune autre ne peut être utilisée à cet effet (salle de préanesthésie), même si les moyens de surveillance sont adaptés.

A l’inverse la SSPI ne peut être utilisée à d’autres fins. Elle ne doit pas servir : à la mise en condition d’urgence (intubation, ventilation, remplissage…) de patients en détresse venant de l’extérieur (SMUR, SAMU…) ou de l’hôpital ; à la mise en place d’un abord vasculaire au profit d’un patient d’un service de l’hôpital, si celui-ci ne fait pas partie de la préparation à un acte opératoire programmé ; à la pratique d’un acte d’anesthésie, même de courte durée, tel qu’une réduction de luxation, un choc électrique externe (ces actes doivent être pratiqués en salle d’intervention) ; à la mise en place d’une anesthésie locorégionale tel qu’un bloc périphérique, une ALRIV, une péridurale (ces actes doivent être réalisés en salle de préanesthésie).

Cette surveillance qui débute dès la fin de l’intervention, se poursuit jusqu’au retour et au maintien de l’autonomie respiratoire du patient, de son équilibre circulatoire et de sa récupération neurologique.

Les horaires d’ouverture de la SSPI tiennent compte non seulement du programme opératoire, mais aussi de l’activité du service d’accueil des urgences. Au moins, un IADE et/ou un IDE est affecté quotidiennement en SSPI. Celui-ci travaille sous la responsabilité du médecin anesthésiste réanimateur qui a pris en charge le patient.

Le patient ne peut quitter la SSPI qu’après accord écrit du médecin anesthésiste réanimateur responsable sur la feuille de surveillance et deprescritpion pour 24 heures.

 

Publié dans I.F.S.I.

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