Urgence - Psychiatrie

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URGENCE – PSYCHIATRIE

 

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L’URGENCE EN PSYCHIATRIE

 

-           De nombreux hôpitaux disposent d’un psychiatre 24 h sur 24. Le médecin de garde en médecine ou en chirurgie reste cependant en première ligne pour requérir son intervention et, en l’absence de psychiatre de garde, pour décider des premiers gestes thérapeutiques et de l’orientation de ces patients.

-           Le rôle du médecin des urgences en médecine ou en chirurgie est essentiel sur un point : le dépistage des pathologies organiques associées aux (ou simulant les) troubles psychiatriques. Plus des 2/3 des patients justifiant une intervention psychiatrique présentent une pathologie organique associée, laquelle prédomine sur les troubles psychiatriques dans près de 5 % des cas.

-           Dans certains cas, le médecin des urgences est sollicité par téléphone pour un problème psychiatrique survenant à l’extérieur de l’hôpital. Il peut alors conseiller, si l’urgence le nécessite, de faire appel à Police Secours (en cas de dangerosité) ou à des structures assurant les visites d’urgence en psychiatrie : dispensaires d’hygiène mentale (DHM) si le malade y a déjà consulté ou structures privées de type « SOS » psychiatrie par exemple, en région parisienne.

 

*Conduite à tenir dans l’immédiat

 

1- La démarche diagnostique est double

 

1-1.   Recherchez une pathologie organique associée

Il peut s’agir d’une association aléatoire, d’une affection somatique secondaire au trouble psychiatrique (troubles hydro-électrolytiques de l’anorexie mentale, hépatite chez un toxicomane, etc.) ou d’un trouble psychiatrique secondaire à une affection organique (état anxio dépressif réactionnel à une pathologie organique, manifestations psychiatriques d’une affection neurologique ou endocrinienne, etc.).

L’anxiété est fréquente en cas de : coronaropathie, troubles du rythme, embolie pulmonaire, maladie subite non identifiée, environnement d’un service d’urgences…

L’élimination de toute pathologie somatique est d’autant plus indispensable que les troubles psychiatriques peuvent conduire à orienter les patients vers des structures dépourvues des moyens nécessaires au diagnostic et au traitement des urgences organiques.

Maladies somatiques pouvant simuler une urgence psychiatrique (liste non limitative) :

-           Intoxication : alcool, médicaments, CO, hallucinogènes, corticoides

-           Déséquilibre hydro-électrique (déshydratation, hyponatrémie, hypercalcémie).

-           Perturbation de l’équilibre endocrinien, une hypoglycémie

-           Infection du SNC (méningites, méningo-encéphalites…)

-           Traumatisme crânien passé inaperçu (hématome sous dural…)

-           EPILEPSIE (épilepsie temporale, agitation de la phase confuse post critique)

-           Maladie ischémique ou hémorragique intracrânienne

-           Choc septique, notamment chez le vieillard

-           Infarctus du myocarde, œdème pulmonaire (vieillards)

-           Encéphalopathie respiratoire, hépatique, mais il faut être distrait pour confondre…

 

1-2.   ETABLIR un « diagnostic psychiatrique d’urgence »

Il ne s’agit pas tant d’établir un diagnostic nosographique précis (souvent difficile à porter dans ce contexte d’urgence) que de rassembler toutes les informations pertinentes qui pourront servir de critère de décision dans le traitement symptomatique et l’orientation de ce malade.

-           Symptomatologie actuelle (confusion, agitation, état suicidaire, crise d’angoisse, délire, etc) : elle guide le traitement symptomatique d’urgence

-           Dangerosité potentielle du patient :

  • o    Pour lui-même (risque vital en cas de projets suicidaires, de refus alimentaire ; risque social en cas de troubles du comportement, etc.)
  • o    Pour autrui (comportement et/ou projets hétéro-agressifs)

-           Qualité du « réseau social » du sujet (famille, amis, travail, thérapeutes, etc.).

Plus celui-ci est précaire, plus la réponse thérapeutique est importante et urgente (ex : une hospitalisation, qui peut être différée, voire évitée, chez un déprimé bénéficiant d’un soutien familial et régulièrement suivi en psychiatrie, peut s’imposer d’emblée chez un sujet totalement isolé).

-           Degré d’adéquation, entre la décision médicale, la demande du patient et celle de son entourage. Il est important d’aboutir à un consensus. Cependant :

  • o    Il est des cas où l’ « urgence familiale » n’est pas une urgence médicale, ni une urgence pour le patient (ex : demande de sevrage en urgence de la part de l’entourage d’un alcoolique chronique
  • o    En cas de refus de soins de la part du patient et si sa pathologie le justifie, médecin et entourage pourront réaliser une hospitalisation sur demande d’un tiers. 

 

2-       Le traitement symptomatique

 

2-1. ETAT d’agitation

 

* Conduite à tenir dans l’immédiat

 

-           Isolez le malade. Entreprenez si nécessaire une sédation pharmacologique ; en attendant celle-ci une contention physique ferme mais rassurante peut être nécessaire. Les contentions physiques et chimiques sont éthiques, légales et protectrices pour le malade, le personnel et la société. Elles présentent des dangers, mais l’agitation aussi.

-           Ne cessez pas de parler calmement au malade. Présentez-vous comme médecin. Evitez le regard dans les yeux. Restez entre malade et porte, et s’il paraît dangereux, laissez-la ouverte, des témoins à proximité. Si possible, gardez quelqu’un avec vous, que vous présenterez comme soignant.

-           L’action de contention doit se faire de façon coordonnée, à plusieurs, 5 si possible, un par membre (à tenir au niveau du coude et du genou), un pour la tête, qui dirige la manœuvre, en montrant de la détermination et du calme, ce qui suffit souvent pour que le patient se laisse faire. Interdisez les comportements « virils », les attitudes de défi physique, de relevé des défis, les injures : cela ne ferait qu’exciter le patient.

-           Certains prescrivent des benzodiazépines IV : Hypnovel (3-5 mg) ou Valium (5 mg par minute, 10 à 20 mg voire plus). Il faut être en mesure d’intuber le patient en cas de surdosage.

-           Neuroleptiques d’action rapide dans les grandes agitations (alcoolique : voir plus loin). L’Haldol IM (5 à 7,5 mg initialement) atteint le pic sérique en 30 minutes, c’est la plus utilisé aux USA, avec une meilleure sédation en association à une benzodiazépine (Tranxène 20-50 mg IM). Le Droleptan a été de fait retiré de notre arsenal. Le Loxapac est à la mode, à la dose de 4-6 ampoules IM, mais son action trop lente (pic sérique en 1 heure) nécessite une contention physique prolongée dangereuse. Il est recommandé, en association à une benzodiazépine, par la conférence de consensus de 2002.

-           Neuroleptiques sédatifs dans les agitations psychotiques :

Ex : Tercian (50 mg IM). Loxapac (3-4 ampoules IM), moins rapidement efficaces : il convient à des situations pas trop tendues.

-           Tranquillisants (benzodiazépines per os de préférence) dans les agitations non psychotiques : Valium : 20 mg per os, Tranxène : 50 mg IM ou per os ; pas de Valium IM.

-           Le Tiapridal (neuroleptique 1 ampoule IM) est intéressant chez la personne âgée ou l’alcoolique pas trop excité (faible effet sur la vigilance).

*Recherchez une cause organique, surtout en cas de confusion associée (troubles hydro-électrolytiques chez le sujet âgé par exemple).

*Secondairement, envisagez l’opportunité d’une hospitalisation en fonction de la pathologie en cause.

2-2. Crise d’angoisse

*Conduite à tenir dans l’immédiat

- Rassurez le patient, la présence de l’entourage familial pourra, selon les circonstances, jouer un rôle rassurant ou aggraver l’anxiété ; l’examen médical a très souvent comme effet de soulager l’angoisse, tout en éliminant une cause organique.

- Une sédation pharmacologique est souvent utile (voir plus haut) :

                o Benzodiazépines plutôt per os, telles que Valium (10 mg per os ou IM) ou Xanax (1 cp à 0,5 mg), Tranxène (25-50 mg per os ou IM) ou en cas d’anxiété névrotique ou secondaire à une pathologie organique ;

                o neuroleptiques sédatifs tels que Largactil (25 mg IM) ou Tercian (50 mg IM) en cas d’angoisse massive (perplexité, déréalisation…).

 

*Secondairement devra être envisagée l’opportunité d’une hospitalisation en fonction de la pathologie en cause.

 

2-3. ETAT suicidaire

 

*En l’absence de TS réalisée, ou si celle-ci ne justifie pas une hospitalisation en milieu médico-chirurgical :

Il convient d’évaluer le risque de passage à l’acte suicidaire et la dangerosité potentielle. Ceux-ci sont fonction :

-           De l’énoncé d’idées suicidaires. Il ne faut pas craindre d’utiliser les mots « suicide », « vouloir mourir » si le patient parle peu ou pas. Tout projet de suicide énoncé n’est pas forcément suivi de sa réalisation, des suicides réussis sont prémédités dans le plus grand secret ; 2/3 des suicidants évoquent leur projet avant de le réaliser. Il faut apprécier le degré d’élaboration du projet, les moyens envisagés, la motivation sous tendant le projet, l’existence d’une perte d’espoir ;

-           De l’existence d’antécédents de TS (le risque de passage à l’acte s’accroît en cas d’antécédents) ;

-           Du contexte nosographique : l’acte suicidaire est souvent grave dans les dépressions mélancoliques, les psychoses, particulièrement fréquent dans les troubles de la personnalité avec impulsivité (hystérie, psychopathie, états-limites)

-           Du contexte symptomatique : le risque est accru en cas de délire, d’alcoolisation, de toxicomanie ;

-           Du contexte socio-affectif : le risque est accru en l’absence de soutien socio-affectif ou à la suite de la perte de tels soutiens.

En cas de risque majeur, l’hospitalisation en milieu psychiatrique s’impose, éventuellement sur demande d’un tiers.

 

*Lorsque la TS justifie un traitement ou une surveillance en milieu médico chirurgical (cas le plus fréquent : surveillance de 24 heures à la suite d’une TS médicamenteuse), le bilan psychiatrique qui est indispensable pour décider de l’orientation, sera effectué par un psychiatre le lendemain matin.

 

*Intoxication médicamenteuse volontaire n’est pas synonyme d’état suicidaire. En l’absence de danger somatique, la nécessité  d’une hospitalisation n’est pas démontrée. Un entretien avec le psychiatre de garde permet d’en poser l’indication. Mais l’indication d’hospitalisation est assez large car en dehors de l’état suicidaire, les « TS » ou « TA » sont souvent le symptôme d’une souffrance en rapport avec l’entourage, et il est difficile d’évaluer un suet imbibé de psychotropes ou d’alcool. Les maltraitances (coups, viol, inceste) ne sont pas toujours décelables ou annoncées d’emblée en urgences. Le pur chagrin d’amour, quand la poignée de benzodiazépines remplace la « cuite » d’autrefois, ne justifie pas l’hospitalisation, en l’absence de signes psychiatriques, si le sujet peut être surveillé sans risque somatique à la maison.

  

Tableau 1 : Les « médicaments d’urgence » en psychiatrie.

 

Type        Nom de spécialité   Ampoule IM de       Dose IM de             Remarques et indications

Sédatifs   Largactil                  25-50 mg                1 à 2 amp.                               Angoisse ou agitation psychotique

Loxapac                  50 mg                      3-5 amp.                 Loxapac moins rapide et moins efficace

                Nozinan                  25 mg                      1 à 2 amp.                               que Droleptan, mais moins hypotenseur.

                Tercian                    50 mg                      1 à 2 amp.                               Nozinan : hypotenseur

NEUROLEPTIQUES

Incisifs     Tiapridal                 100 mg                    1-3 amp.                 Peu sédatif ; sujets âgés

                Haldol                     5 mg                        1 amp.                     Anti-délirant

Antiparkinsonien   

                Lepticur                  10 mg                      1 amp. IM ou IVD  Dyskinésies des neuroleptiques

  

                Produit                   Dose/Voie                               Pic plasmatique     

Benzo      Valium                    10-20 mg p. o.        30-90’                     Angoisse ou agitation névrotique Antidote = Anexate

diazépines               Xanax      0,5-1 mg per os       60-110’                   Le Lexomil a un pic plasmatique Tardif (1-4 h) 2 h en moyenne

TRANQUILLISANTS

                Tranxène                 20-100 mg p. o.      60’                          et n’est pas bien adapté à l’urgence

                Tranxène                 20-50 mg/IM           30-90’                    

Carbamate             Equanil                   400 mg    déconseillé              Douloureux en IM, dose toxique dès 6 g, pas anticonvulsivant

                                                                                                              (ennuyeux chez l’alcoolique), pas d’antidote.

   

2-4. Toxicomane en manque, le toxicomane hospitalisé (voir ch.)

 

3-       Orientation du patient

 

Différentes solutions sont possibles : retour au domicile avec ou sans orientation vers une consultation psychiatrique, hospitalisation en milieu médico-chirurgical ou psychiatrique.

Les structures de soins en psychiatrie sont de deux types :

-           Les services de psychiatrie implantés dans les hôpitaux généraux ou CHU : possibilités d’hospitalisation et de consultation. Les « hôpitaux psychiatriques », généralement situés en périphérie des villes et articulés à un « Dispensaire d’Hygiène Mentale » (DHM) pour la prise en charge ambulatoire.

-           Certains de ces services sont « sectorisés » à une circonscription géographique donnée, tandis que d’autres sont « non sectorisés ». Les services en hôpital psychiatrique sont sectorisés.

-           L’orientation obéit à deux règles :

  • o    Privilégier le lieu de soin habituel du patient, surtout lorsqu’il s’agit de troubles durables.
  • o    Obtenir l’accord du lieu d’accueil. Si l’accord n’est pas possible, en région parisienne uniquement, contacter le CPOA, hôpital Sainte Anne (Paris) (01 45 65 81 09).

   

3-1.   Les consultations psychiatriques

Si un retour au domicile est décidé, une consultation de psychiatrie peut s’avérer nécessaire (localement ou au niveau du DHM du secteur).

Il existe, en outre, diverses structures spécialisées :

*Pour les alcooliques

- Les DHM (dispensaires d’hygiène mentale) qui assurent la prise en charge psychiatrique de ces patients.

- Les CHAA (Centres d’Hygiène Alimentaire et d’Alcoologie), qui assurent une prise en charge gratuite et pluridisciplinaire.

- Les consultations d’alcoologie.

- Les adresses sont disponibles dans les mairies, et dans le Minitel (3611) : recherche avec « centres médicaux sociaux » à la rubrique « activité ». Dépourvus de Minitel, vous pourrez souvent obtenir les adresses par le service des renseignements téléphoniques.

*Pour les toxicomanes

Les adresses des centres spécialisés sont disponibles auprès de l’assistante sociale, des mairies, voire de Drogue Info Service (0 800 23 13 13).

   

3-2.   Les hospitalisations psychiatriques

- Certains patients présentant une associaition entre pathologie organique et psychiatrique sont orientés en médecine ou en chirurgie si l’aspect organique prédomine (ex. : TS hospitalisée à l’unité d’hospitalisation des urgences).

- Trois modalités d’hospitalisation en psychiatrie existent (Loi du 27/06/90) : placement libre, hospitalisation sur demande d’un tiers, ou « d’office ».

 

*Le placement libre

Ses modalités sont comparables à celles des hospitalisations en médecine ou chirurgie. En ce qui concerne le lieu, vous avez le choix entre deux solutions :

-           Hospitalisation dans un service de psychiatrie en hôpital général particulièrement indiquée lorsque existe un problème organique associé (l’hôpital général permet d’assurer la prise en charge conjointe de ces problèmes). Le principal problème est la disponibilité de lits.

-           Hospitalisation à l’hôpital psychiatrique (HP) :

Une fois l’hospitalisation en HP décidée, un transfert direct est souhaitable (il économise temps, argent et fatigue pour le patient). Ceci est souvent entre psychiatres, plus difficile si la demande émane d’un non spécialiste. Certains services en région parisienne demandent encore que le patient transite par le CPOA qui confirme (ou infirme) l’indication d’hospitalisation.

Le lieu d’hospitalisation (hôpital de secteur) est fonction de l’adresse du patient. Les informations à ce sujet sont en principe disponibles auprès du psychiatre de garde, du surveillant des urgences. A défaut, au CPOA en région parisienne (01 45 65 81 09), ou aux admissions de l’hôpital psychiatrique le plus proche et à la DDASS aux heures ouvrables.

 

*L’hospitalisation sur demande d’un tiers (HDT)

-      Elle intéresse le patient atteint de troubles mentaux qui, n’ayant compromis ni l’ordre public, ni la sûreté des personnes, nécessite d’être traité contre sa volonté. Elle ne peut être réalisée que si :

        o ses troubles rendent impossible son consentement ;

        o son état impose des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier.

-           Il est important d’expliquer aux proches que le risque d’internement abusif est quasi-nul puisqu’un second certificat doit être produit sous 24 heures par un autre médecin de l’établissement d’accueil, avec renouvellement tous les 14 jours. De plus, le patient peut écrire sans contrainte aux autorités judiciaires (Procureur), au maire. Enfin, le signataire (« tiers ») de l’HDT, le conjoint, le curateur, les ascendants majeurs, peuvent, sauf opposition familiale, faire lever l’HDT.

L’HDT nécessite 4 documents destinés au directeur de l’établissement psychiatrique :

-           La demande d’admission :

Elle est présentée soit par un membre de la famille du malade, soit par une personne susceptible d’agir dans l’intérêt de celui-ci (ami, voisin, assistante sociale)… à l’exclusion des personnels soignants exerçant dans l’établissement d’accueil).

En l’absence d’entourage extra hospitalier on demande à l’assistante sociale des urgences, au surveillant des urgences, ou à l’administrateur de garde de faire ce certificat en indiquant son adresse professionnelle, et non privée ; il faut joindre la copie de la carte d’identité de ce tiers.

NB : La personne « tiers » signant la demande doit le plus souvent se rendre à l’hôpital psychiatrique avec le patient ou simultanément, pour que le représentant du directeur de cet établissement s’assure de son identité (les administrations sujettes à des procès pour internement abusif sont méfiantes).

Vérifiez ce point par téléphone auprès de l’établissement destinataire afin d’éviter un déplacement inutile.

Si le « tiers » est illettré : il fait verbalement la demande à l’administrateur de garde de l’établissement d’accueil, qui en prend acte.

-           Les certificats médicaux :

La demande d’admission doit être accompagnée de deux certificats médicaux signés et datant de moins de quinze jours :

Le premier certificat médical ne peut être établi que par un médecin n’exerçant pas dans l’établissement accueillant le malade. Un interne de garde peut le réaliser à condition d’être thésé. Ce certificat constate l’état mental de la personne à soigner, indique les particularités de sa maladie et la nécessité de la faire hospitaliser sans son consentement . Il ne peut être rédigé qu’après examen du malade.

Le second certificat venant confirmer le premier doit être rédigé par un deuxième médecin, qui peut exercer dans l’établissement accueillant le malade (cas le plus fréquent). Les deux médecins ne peuvent être parents ou alliés, au quatrième degré inclusivement, ni entre eux, ni des directeurs des établissements d’accueil, ni de la personne ayant demandé l’hospitalisation, ni de la personne hospitalisée. Les vétilleux en demandent la mention écrite.

NB : « A titre exceptionnel et en cas de péril imminent pour la santé du malade dûment constaté par le médecin, le directeur de l’établissement pourra prononcer l’admission au vu d’un seul certificat médical émanant éventuellement d’un médecin exerçant dans l’établissement d’accueil » : utilisez la 2 option du modèle ci-dessus (Article L 333-2 du CSP).

-           Les pièces d’identité

Le directeur de l’établissement est tenu de s’assurer de l’identité de la personne hospitalisée et de la personne demandant l’hospitalisation.

Les pièces produites à cette fin (carte d’identité, passeport…) sont mentionnées dans le  bulletin d’entrée.

-           Une lettre pour le médecin prenant le patient en charge, détaillée, cachetée, comportant les données médicales psychiatriques et éventuellement organiques et sociales, car le certificat ne donne que des symptômes et constitue un document « public » lisible par beaucoup d’intervenants.

-           NB : Il faut parfois obtenir une sédation suffisante pour un transport paisible, mais respectant suffisamment la vigilance pour permettre l’examen et l’entretien avec le deuxième médecin, qui aura un certificat à rédiger ; il peut être avantageux dans le cas où une sédation serait indispensable avant le transfert, de faire rédiger sur place un 2ème certificat par un second médecin, avant la sédation.

  

La demande d’admission : sur papier libre sans en-tête

Je soussigné M. (Mme) Z… (nom, prénom, profession, date de naissance et domicile), demande, en ma qualité de … (précisez le lien de parenté ou la nature des relations avec le malade), conformément à la Loi du 27 juin 1990 (ou « à l’article L 333 du Code de la Santé publique ») et aux conclusions du (ou des) certificat(s) médical(aux) ci-joint(s), l’admission ) l’hôpital de … de M. (Mme) Y…. (nom, prénom, profession, âge et domicile).

Fait à … , le …

Signature.

Pièce d’identité : nature (CNI, Pass. , PdC) N° …

  

HDT : Papier à en tête et tampon.

Je soussigné Docteur X… (nom, prénom), exerçant en tant que … à … , certifie avoir examiné ce jour M. (Mme) Y … (âge, profession, adresse) et avoir constaté les éléments suivants :

… (décrivez le comportement et l’état mental du patient, ses symptômes, les faits graves rapportés par l’entourage – au conditionnel – en précisant toujours qui les a exprimés, sans donner de diagnostic, et en langage clair pour le profane, sans jargon médical, ni diagnostic. Si le malade refuse les soins, mentionnez-le).

Ici, deux options, la première étaht l’usuelle, la seconde rnedant inutile un 2ème certificat (péril imminent pour …). Le malade !) :

-           Cet état nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier, rend impossible son consentement à une hospitalisation, et nécessite que M. (Mme) Y. soit hospitalisé selon les termes de la Loi du 27 juin 1990 (ou de l’article L 333 du Code de la Santé Publique).

-           Cet état constitue un péril imminent pour la santé du malade et nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier ; il rend impossible son consentement à une hospitalisation, et nécessite donc que M. (Mme) Y. soit hospitalisé selon les termes de la Loi du 27 juin 1990 (ou de l’article L 333 du Code de la Santé Publique).

-           Je certifie n’être ni parent ou allié, au quatrième degré inclusivement, ni avec la personne ayant demandé l’hospitalisation, ni avec la personne hospitalisée (ni avec le médecin rédacteur du premier certificat).

Fait à … , le …

Signature.

   

En pratique, le premier certificat est réalisé par le psychiatre de garde. Enl’absence de psychiatre de garde et de médecin thésé, il est provisoirement possible, en région parisienne, après contact téléphonique, d’adresser le patient au CPOA (01 45 65 81 09) qui pourra organiser cette hospitalisation. Aolleurs, il faut faire conduire le patient aux urgences de l’hôpital psychiatrique de secteur ou faire venir un psychioatre ou un médecin thésé.

  

*L’hospitalisation d’office

- En cas de danger imminent pour la sûreté des personnes attesté par un avis médical ou à défaut par la notoriété publique (loi du 27 juin  1990, article L 343 du Code de la Santé Publique).

- Elle est prononcée par un arrêté du préfet (à Paris , le préfet de Police), au vu d’un certificat médical circonstancié qui ne peut pas émaner d’un psychiatre exerçant dans l’établissement accueillant le malade.

- Elle peut être prononcée directement par le maire qui a compétence pour les mesures provisoires (Loi du 7 janvier 1993, article L 183-1 du code des communes) ou, à Paris, par les commissaires de police.

En principe, chaque service d’urgence a son protocole, fonction des caractéristiques administratives locales.

-           L’arrêté préfectoral  peut être fourni :

  • o    Par la mairie : par le maire ou un adjoint ayant délégation en la matière
  • o    Par les services administratifs de la DDASS
  • o    Ou la préfecture

qui se partagent les permanences.

Vous adresserez donc le certificat médical par télécopie au service compétent à l’heure donnée.

L’arrêté peut vous être adressé par télécopie. (il y a ici exception légale au secret médical, donc c’est possible).

NB : il faut s’adresser à la mairie du lieu où le patient a été pris en charge (parfois votre hôpital) ou interpellé.

-           La difficulté pratique de la réalisation d’une HO rapidement et surtout aux heures de fermeture des bureaux est telle qu’il est préférable dans l’intérêt du malade de recourir à une HDT, quitte à recourir à un « tiers » comme l’administrateur de garde. Ce dernier doit se déplacer et s’entretenir avec le patient ou constater son état. Mais si les proches sont opposés à une hospitalisation psychiatrique, il faut recourir à l’HO.

-           Il est parfois nécessaire de recourir à des sociétés d’ambulance acceptant et assurant le transport des malades agités, dont la liste est disponible aux admissions ou aux urgences de votre hôpital. Le transport est payé à la société d’ambulance par la CPAM si la personne est par la suite hospitalisée. Si la personne n’est pas gardée à l’hôpital psychiatrique, le paiement est à la charge de la commune (art. 131-2 du code des communes) : rassurez l’ambulancier X !

-           Joignez une lettre pour le médecin prenant le patient en charge, détaillée, cachetée, comportant les données médicales organiques, psychiatriques et éventuellement sociales, car le certificat ne donne que des symptômes et constitue un document « public » lisible par beaucoup d’intervenants.

-           Dans la ville de Paris, les patients concernés sont parfois conduits aux urgences par la Police en raison d’une conduite pathologique ou dangereuse. Dans ce cas, il convient de demander à la police d’attendre la fin de l’examen médical : si cela s’avère nécessaire, vous rédigez alors pour la police un certificat médical attestant la nécessité d’un examen auprès de l’IPPP, tout en joignant sous pli cacheté une observation médicale destinée au médecin de l’IPPP. La police peut alors transférer le patient auprès de l’IPPP (il s’agit cependant d’une procédure judiciaire et non médicale) qui statuera. L’IPPP ou Infirmerie Psychiatrique de la Préfecture de Police ( 3 rue Cabanis, 75 014 , Tél : 01 45 65 23 50) est un lieu d’observation équipé pour recevoir des patients agités ou violents ou posant des problèmes médicaux légaux 24 h sur 24. Il faut savoir qu’elle n’est pas équipée pour les soins organiques et que le patient transitera obligatoirement par le commissariat de police et que le commissaire est maître de la décision soit d’envoyer le patient à l’IPPP, soit de le garder en cellule. L’IPP serait vouée à une prochaine fermeture.

 

HO = Sur papier à en-tête, avec tampon.

Je soussigné Docteur X … (nom, prénom), exerçant en tant que … à .. certifie avoir examiné ce jour Mr. (Mme) Y. … (âge, profession, adresse) et avoir constaté les éléments suivants :

… (décrire le comportement et l’état mental du patient, les faits graves rapportés par l’entourage en précisant toujours qui les a exprimés, sans donner de diagnostic).

Cet état constitue un danger imminent pour la sécurité des personnes et nécessite une hospitalisation selon les termes de l’article 342 du Code de la Santé Publique.

Fait à …, le …

Signature.

  

   

Publié dans URGENCE

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