Cancérologie 28

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Partie II - Localisations
Chapitre 18 - Cancers des voies aéro-digestives supérieures

 

18.5 - Cancers du larynx et de l'hypopharynx

18.5.1 - Anatomopathologie

 

Sections

Sous-sections

Sous-sous-sections

18.1 - Généralités
18.2 - Cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx
18.3 - Cancers de l'oropharynx
18.4 - Cancers du rhinopharynx (ou cavum)
18.5 - Cancers du larynx et de l'hypopharynx
18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

 

18.5.1 - Anatomopathologie
18.5.2 - Diagnostic
18.5.3 - Traitement
18.5.4 - Surveillance
18.5.5 - Résultats

 

18.5.1.1 - Rappel anatomique et histologique
18.5.1.2 - Etiologie
18.5.1.3 - Formes macroscopiques
18.5.1.4 - Aspects histologiques
18.5.1.5 - Extension
18.5.1.6 - Apport de l'examen anatomo-pathologique
18.5.1.7 - Pour la pratique, on retiendra

 

 

18.5.1.5 Extension

Du fait de la division du larynx en compartiments, il est important de distinguer :

  1. Cancers glottiques : Les petites tumeurs (T1-T2) de la corde vocale, se présentant sous forme de bourgeons des 2/3 antérieurs, sont fréquentes car symptomatiques. Elles sont souvent associées à des lésions de dysplasie ou de carcinome in situ, souvent étendues à la corde controlatérale, parfois précessives dans un contexte de laryngite chronique du fumeur. La découverte précoce et la pauvreté du réseau lymphatique glottique expliquent la rareté des envahissements ganglionnaires. Un traitement local limité est possible. Le pronostic est très bon en l'absence d'envahissement sous-glottique occulte vers le cartilage cricoide, en arrière notamment. L'évolution est compliquée par la survenue de secondes localisations pharyngo-laryngées ou bronchiques.
    Des tumeurs à des stades localement avancés sont possibles. Le cancer envahit le muscle thyroarythénoïde et l'espace paraglottique. L'accès au réseau lymphatique (système sous ventriculaire) augmente le risque d'envahissements ganglionnaires.
    Localement, le cancer est contraint par le cône élastique et le cartilage thyroïde à s'étendre vers le bas dans la membrane cricothyroïdienne avec atteinte possible des cartilages cricoïde ou thyroïde et, finalement, issue dans les parties molles du cou. Vers le haut, il est rare que se produise une atteinte transglottique au travers de la commissure antérieure, mais le cancer peut s'étendre par l'espace paraglottique vers loge hyo-thyro-épiglottique. Ces tumeurs transglottiques sont de très mauvais pronostic.
  2. Cancers sus-glottiques : Ces tumeurs s'étendent vers l'avant dans la loge hyo-thyro-épiglottique, qui est peu vascularisée, épargnant souvent l'os hyoïde. Sauf dans les cas les plus avancés avec atteinte totale de la loge hyo-thyro-épiglottique, puis de la base de langue, la marge d'exérèse est souvent large pour les localisations épiglottiques sus-hyoïdiennes. De même, le respect du cartilage thyroïde et de la barrière fibro-élastique entre la glotte et la sus-glotte permettent de réaliser des laryngectomies partielles horizontales supra-glottiques avec une marge d'exérèse inférieure suffisante de 2-3 mm pour les localisations épiglottiques sous-hyoïdiennes. Mais la richesse du réseau lymphatique est à l'origine d'envahissements ganglionnaires fréquents, souvent bilatéraux pour la localisation épiglottique. La récidive est plus souvent ganglionnaire que locale, d'où la nécessité d'un traitement des aires ganglionnaires. La localisation aryépiglottique se rapproche de la localisation du sinus puriforme.
  3. Cancers hypopharyngés : Ce sont des tumeurs silencieuses découvertes à des stades très souvent avancés localement et régionalement. Les tumeurs de la paroi externe du sinus piriforme ont tendance à envahir le cartilage thyroïde en arrière, et celles de la paroi interne se propagent tout de suite à l'espace paraglottique, puis à tout le larynx en dedans. Les envahissements ganglionnaires sont très fréquents (75 % cas), homolatéraux. Les métastases ganglionnaires occultes (rétropharyngées) sont fréquentes, de même que les métastases viscérales (25 % des cas) et les autres localisations concomitantes (skip lésions oesophagiennes).
    Les tumeurs du mur pharyngé postérieur peuvent envahir insidieusement jusque la base du crâne et comportent en règle des envahissements ganglionnaires bilatéraux.
    Les tumeurs isolées de la région rétrocricoide sont rares, envahissent les nerfs laryngés, peuvent donner des métastases oesophagiennes (skip lésions) et des envahissements ganglionnaires occultes (paratrachéaux ou thyroïdiens).
18.5.1.6 Apport de l'examen anatomo-pathologique

Le diagnostic repose toujours sur l'examen histologique de biopsies qui doivent être larges et étudiées sur de nombreux plans de coupe.

Des biopsies multiples permettent de documenter une extension ou une seconde localisation. L'examen anatomo-pathologique des pièces opératoires détermine avec certitude :

  • l'extension tumorale locale : atteinte des cartilages (pT4), statut des marges d'exérèse,
  • l'extension régionale au niveau des curages ganglionnaires lymphatiques : nombre, siège, taille, atteinte extracapsulaire.

Le bilan de l'extension au niveau de la pièce opératoire est un bon moyen d'évaluer le pronostic.

La pratique d'examens extemporanés peut guider l'intervention chirurgicale (recoupes peropératoires).

L'examen anatomo-pathologique est également important pour juger la réponse histologique aux traitements non chirurgicaux et faire le diagnostic des récidives.

18.5.1.7 Pour la pratique, on retiendra
  1. Les cancers laryngés et hypopharyngés sont essentiellement des carcinomes épidermoïdes infiltrants développés à partir de l'épithélium de surface.
  2. La division du larynx en compartiments, le drainage lymphatique et le caractère symptomatique de l'atteinte glottique permettent d'opposer :
    • les cancers des cordes vocales le plus souvent diagnostiqués à un stade précoce (petite tumeur sans envahissement ganglionnaire), voire intra-épithélial, accessibles à un traitement local limité, de bon pronostic en l'absence de secondes localisations ;
    • les cancers des autres sites, souvent découverts à des stades avancés, avec des métastases ganglionnaires fréquentes, de pronostic beaucoup plus sévère que les précédents.

 

18.1 - Généralités
18.2 - Cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx
18.3 - Cancers de l'oropharynx
18.4 - Cancers du rhinopharynx (ou cavum)
18.5 - Cancers du larynx et de l'hypopharynx
18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

18.5.1 - Anatomopathologie
18.5.2 - Diagnostic
18.5.3 - Traitement
18.5.4 - Surveillance
18.5.5 - Résultats

18.5.1.1 - Rappel anatomique et histologique
18.5.1.2 - Etiologie
18.5.1.3 - Formes macroscopiques
18.5.1.4 - Aspects histologiques
18.5.1.5 - Extension
18.5.1.6 - Apport de l'examen anatomo-pathologique
18.5.1.7 - Pour la pratique, on retiendra

 

 

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Chapitre 18 - Cancers des voies aéro-digestives supérieures

 

18.5 - Cancers du larynx et de l'hypopharynx

18.5.2 - Diagnostic

 

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18.2 - Cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx
18.3 - Cancers de l'oropharynx
18.4 - Cancers du rhinopharynx (ou cavum)
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18.7 - Points essentiels

 

18.5.1 - Anatomopathologie
18.5.2 - Diagnostic
18.5.3 - Traitement
18.5.4 - Surveillance
18.5.5 - Résultats

 

18.5.2.1 - Diagnostic positif
18.5.2.2 - Diagnostic d'extension

 

 

18.5.2.1 Diagnostic positif

Les signes révélateurs habituels sont la dysphonie pour le larynx et la dysphagie pour l'hypopharynx. Au moment où le médecin fait le diagnostic, les lésions ont pu évoluer assez pour que la dysphagie de l'hypopharynx s'associe à une dysphonie par atteinte du larynx et réciproquement. Au maximum, on peut arriver jusqu'à la dyspnée avec parfois même trachéotomie en urgence comme premier geste médical. Ces stades évolués sont liés à la négligence de beaucoup de malades alcooliques et aux antécédents de laryngite chronique des fumeurs qui ne s'alarment pas assez vite devant l'aggravation de la dysphonie.

Les tumeurs de la marge laryngée (épiglotte sus-hyoïdienne, replis ary-épiglottiques) se révèlent en général par une dysphagie. Dans tous les cas on peut avoir une expectoration sanguinolente.

Exceptionnellement il s'agit d'une adénopathie révélatrice d'un tout petit cancer sans symptomatologie fonctionnelle.

Les éléments de suspicion sont dans les deux cas, la persistance du trouble. Une dysphonie qui dure plus de deux semaines impose un examen ORL. Une dysphagie accidentelle ne doit pas durer non plus plus de deux semaines. Le fait que la dysphagie s'associe à une dysphonie et réciproquement, sont des éléments hautement suspects de même que la présence d'une adénopathie.

Très souvent en laryngoscopie indirecte, on voit la lésion on la voit mieux en fibroscopie. De toute façon la laryngoscopie directe est indispensable pour faire le bilan exact des lésions et la biopsie.

L'histologie est toujours de type épithélioma épidermoïde.

18.5.2.2 Diagnostic d'extension

L'extension locale est appréciée par la fibroscopie et la laryngoscopie directe. L'extension visible est notée et on s'intéresse aussi particulièrement à la mobilité du larynx qui traduit si elle est diminuée ou surtout supprimée une infiltration du mur pharyngolaryngé. C'est en pratique l'élément le plus important pour le traitement et le pronostic. Cette mobilité s'apprécie le malade n'étant pas sous anesthésie générale.

On recherche aussi des adénopathies fréquentes dans le cancer l'hypopharynx (3/4) assez fréquentes dans le cancer larynx sus-glottique et des 3 étages (1/2), éventuellement des métastases, d'autres localisations et on apprécie l'état général. Le scanner (et l'IRM) est utile pour rechercher une extension en particulier dans la loge hyothyroépiglottique qui n'est pas accessible à l'examen clinique et au niveau des cartilages.

On apprécie l'état cérébral si se discute une chirurgie partielle à la suite de laquelle le malade doit en effet être capable de réapprendre à déglutir sans faire de fausses routes. De toutes façons on précise l'état général et les antécédents.

Une observation complète peut donc être faite avec les descriptions, les schémas, les radios, l'appréciation de l'état général. Le TNM peut être appliqué. Il est assez complexe et dépend du siège de la tumeur, des structures envahies et de la mobilité persistante ou non du larynx. Lorsque cette mobilité est conservée, on est dans le cadre des petites tumeurs T1T2, lorsqu'elle est atteinte, on est dans le cadre des T3 et si, en plus, l'extension se fait en dehors du pharyngolarynx, ou s'il y a destruction cartilagineuse on est dans le cadre du T4. La classification N est la même que précédemment (cf cavité buccale, oropharynx, rhinopharynx).

TNM (2002) :

Hypopharynx

T1 T 2 cm ne concernant qu'un site (sinus piriforme, région rétro-cricoïdienne ou paroi postérieure)
T2 T > 2 cm 4 cm et/ou invasion de 2 sites ou d'un site adjacent mais sans fixation de l'hémilarynx correspondant
T3 T > 4 cm et/ou fixation de l'hémilarynx correspondant
T4 T avec invasion des cartilages ou des tissus avoisinants hors larynx
N0 à N3 comme tous les cancers ORL

Larynx

Il est divisé en 3 parties : la glotte, la sus-glotte et la sous-glotte

·         La glotte
T1 T limitée à 1 ou 2 cordes
T2 Idem mais avec diminution de la mobilité d'une corde et/ou extension à la sus-glotte et/ou la sous glotte
T3 T avec corde fixée et/ou extension à l'espace paraglottique ou érosion du cartilage thyroïde.
T4 T avec extension à travers le cartilage thyroïde aux organes de voisinage.

·         La sus glotte
T1 T limitée à un site avec mobilité normale (épiglotte suprahyoïdienne, épiglotte soushyoïdienne, repli aryépiglottique, bande ventriculaire)
T2 T étendue à plus d'un site (cf ci-dessus) ou à un site adjacent mais sans fixation de la corde
T3 T avec corde fixée et/ou extension à l'espace paraglottique ou pré épiglottique ou érosion du cartilage thyroïde.
T4 T avec extension à travers le cartilage thyroïde aux organes de voisinage.

·         La sous glotte
T1 T limitée à la sous glotte
T2 T étendue à une (ou aux) corde(s) vocale(s)
T3 T avec corde fixée
T4 T avec extension à travers le cartilage thyroïde aux organes de voisinage.


N0 à N3 comme tous les cancers ORL

 

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18.7 - Points essentiels

18.5.1 - Anatomopathologie
18.5.2 - Diagnostic
18.5.3 - Traitement
18.5.4 - Surveillance
18.5.5 - Résultats

18.5.2.1 - Diagnostic positif
18.5.2.2 - Diagnostic d'extension

 

 

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Chapitre 18 - Cancers des voies aéro-digestives supérieures

 

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18.5.2 - Diagnostic
18.5.3 - Traitement
18.5.4 - Surveillance
18.5.5 - Résultats

 

18.5.3.1 - Méthodes
18.5.3.2 - Indications

 

 

18.5.3 Traitement
18.5.3.1 Méthodes
  1. Chirurgie T
    Elle peut être :
    • non conservatrice, il s'agit de la laryngectomie totale ou de la pharyngolaryngectomie totale qui est une pharyngectomie partielle associée à une laryngectomie totale, la pharyngolaryngectomie totale circulaire qui est une hypopharyngectomie totale avec laryngectomie totale et réparation par lambeau et/ou montage digestif.
    • conservatrice, Dans ce cas on ne pratique l'exérèse que d'une partie plus ou moins grande, de l'ensemble pharyngolaryngé. Cette chirurgie comprend selon les situations et les extensions des tumeurs : la cordectomie, les laryngectomies partielles qui sont horizontales enlevant la partie sus-glottique ou verticales et les laryngectomies sub-totales plus ou moins reconstructives (ces dernières interventions peuvent poser des problèmes de fausses routes), les pharyngectomies partielles et enfin les pharyngolaryngectomies partielles qui, pour de petites tumeurs, enlèvent à la fois une partie de l'hypopharynx et une partie du larynx. Les indications de ces chirurgies conservatrices sont des tumeurs limitées sans troubles de la mobilité laryngée.
  2. Chirurgie N
    Les aires ganglionnaires sont traitées par chirurgie s'il y a une indication de chirurgie au niveau de la tumeur primitive, et elles sont suivies de radiothérapie en cas d'envahissement ganglionnaire et elles sont traitées par radiothérapie si l'indication au niveau de la tumeur primitive est une radiothérapie. Pour les tumeurs de la corde vocale sans troubles de la mobilité il n'y a ni chirurgie ni radiothérapie des aires ganglionnaires car il n'y a pas d'envahissement ganglionnaire.
  3. La radiothérapie externe exclusive est réalisée aux doses de 70 Gy sur la tumeur primitive et les éventuelles adénopathies. Elle est surtout utilisée pour les T1-T2 par principe ou parce que la chirurgie partielle n'est pas possible à cause du siège des lésions ou à cause de l'âge (impossibilité de réapprendre à déglutir ), et en cas de réponse complète après chimiothérapie première quelque soit le T initial. Elle est également utilisée en post-opératoire à doses prophylactiques.
  4. Les associations radio-chirurgicales comprennent d'une part les traitements par chirurgie au niveau de la tumeur et des aires ganglionnaires suivis de radiothérapie externe et d'autre part les radiothérapies externes suivies de chirurgie de rattrapage, en cas d'échec immédiat ou secondaire. Cette chirurgie de rattrapage est relativement facile à réaliser et donne de bons résultats pour le larynx puisque plus d'un malade sur deux peut être récupéré par cette chirurgie. Pour l'hypopharynx, la chirurgie de rattrapage est beaucoup moins efficace.
  5. La chimiothérapie à base de Cisplat. + 5FU peut donner en néo-adjuvant des réponses complètes jusque dans 30 à 40 % des cas et permettre ainsi de remplacer une chirurgie mutilante initialement prévue par une radiothérapie exclusive (une radiochimiothérapie). En association concomitante avec la radiothérapie elle permet d'obtenir de meilleurs résultats.
18.5.3.2 Indications
  1. Pour les T1-T2, on réalise une chirurgie conservatrice si elle est possible, suivie d'une radiothérapie externe en cas d'envahissement ganglionnaire ou de résection incomplète ou limite. Si la chirurgie conservatrice n'est pas possible, on fait une radiothérapie externe. A noter que l'on peut faire également une radiothérapie externe là où une chirurgie conservatrice serait possible, les deux méthodes donnant des résultats pratiquement identiques. En cas de chirurgie partielle conservatrice, on peut commencer le traitement par une chimiothérapie première et remplacer cette chirurgie qui n'est pas toujours anodine (problèmes de déglutition et de phonation) par une radiothérapie externe.
  2. Pour les T3-T4 on réalise classiquement une chirurgie radicale suivie de radiothérapie externe si cette chirurgie est possible, sinon on utilise une radiothérapie externe seule. Dans ces cas on doit commencer le traitement par une chimiothérapie première afin de remplacer la chirurgie mutilante par une radiothérapie exclusive en cas de réponse complète.

Pour les cas particuliers des cancers T1 de la glotte, on peut réaliser avec des résultats carcinologiques excellents (plus de 90 % de succès) une cordectomie ou une radiothérapie externe limitée au larynx. La radiothérapie est préférée à chaque fois que la voix doit être conservée (avocat, chanteur ou préférence du malade). En effet la cordectomie entraîne une modification de la voix alors que la radiothérapie permet un retour à la normale.

18.5.4 Surveillance

(comme la cavité buccale et l'oropharynx)

18.5.5 Résultats

(survie, pronostic, qualité de vie)

La survie globale pour les cancers du larynx est de 55 % à 5 ans et celle des hypopharynx de 25 %. Pour les deux localisations, la survie diminue si la T augmente, s'il existe une adénopathie palpable, s'il y a un envahissement ganglionnaire et surtout s'il y a un envahissement ganglionnaire avec rupture capsulaire (15 % de survie à 5 ans dans ce cas).

Les malades avec laryngectomie totale ont une vie presque normale s'ils ont une bonne voix oesophagienne ce qui est loin d'être constant. Cette mutilation est très mal acceptée chez la femme de sorte qu'il faut en tenir compte dans les indications.

Les malades traités par radiothérapie exclusive, de même que certains malades traités par chirurgie partielle, peuvent avoir un oedème laryngé qui doit être surveillé, traité avec éventuellement trachéotomie provisoire (ou non) afin d'éviter un épisode dyspnéique éventuellement mortel.

 

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18.5 - Cancers du larynx et de l'hypopharynx
18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

18.5.1 - Anatomopathologie
18.5.2 - Diagnostic
18.5.3 - Traitement
18.5.4 - Surveillance
18.5.5 - Résultats

18.5.3.1 - Méthodes
18.5.3.2 - Indications

 

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18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face

 

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18.1 - Généralités
18.2 - Cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx
18.3 - Cancers de l'oropharynx
18.4 - Cancers du rhinopharynx (ou cavum)
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18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

 

18.6.1 - Diagnostic
18.6.2 - Traitement

 

18.6.1.1 - Diagnostic positif
18.6.1.2 - Diagnostic d'extension

 

 

Ces cancers ne sont pas en rapport avec l'intoxication alcoolo-tabagique. Souvent, on retrouve une exposition prolongée aux particules de bois surtout pour les adénocarcinomes. Pour les travailleurs du bois, il s'agit d'une maladie professionnelle. Des normes de sécurité sont maintenant appliquées qui éliminent les poussières de bois sur les lieux de travail.

Les adénocarcinomes prennent leur point de départ au niveau du sinus ethmoïdal et les épithéliomas épidermoïdes au niveau du sinus maxillaire. Les deux histologies sont à peu près à égalité de fréquence.

18.6.1 Diagnostic
18.6.1.1 Diagnostic positif

Les signes révélateurs sont dans la forme caractéristique ceux d'une sinusite douloureuse et hémorragique. Il y a donc : écoulement nasal, douleurs ou accroissement des douleurs sur fond de sinusite chronique et surtout apparition de sang. Mais d'autres signes révélateurs sont possibles selon le développement de la tumeur. Il peut s'agir de troubles oculaires par atteinte surtout de l'orbite, ou des nerfs oculomoteurs (en particulier une diplopie), plus rarement par atteinte des voies optiques, de troubles dentaires par irritation de la racine des dents ou par envahissement gingival. Il peut s'agir d'une voussure de la joue, d'une atteinte des paires crâniennes en cas de développement en haut et en dehors vers la base du crane. Exceptionnellement, il s'agit d'une symptomatologie de tumeur cérébrale par développement principal dans la boite crânienne à partir de l'ethmoïde.

L'argument diagnostique radiologique est la présence d'une destruction osseuse au TDM (scanner). Cette destruction est pratiquement pathognomonique du diagnostic. La biopsie se fait sur les bourgeons inflammatoires non spécifiques qui peuvent égarer le diagnostic et qui peuvent majorer l'extension apparente en radiologie (l'IRM aide à la distinction).

18.6.1.2 Diagnostic d'extension

Il repose sur la clinique à la recherche d'une voussure de la joue, d'une voussure de la voûte palatine ou de la gencive homolatérale, d'une diplopie par refoulement du globe oculaire homolatéral ou par paralysie des nerfs oculo-moteurs, d'une paralysie des autres nerfs crâniens et en particulier d'une atteinte du nerf sous orbitaire.

L'examen par scanner (surtout pour l'os), complété par l'examen par IRM (surtout pour les parties molles), permet de bien voir l'extension des lésions, en particulier, l'extension en haut et en arrière vers la base du crane qui rend le malade inopérable. L'extension en haut à travers la lame criblée n'est pas une contre-indication chirurgicale systématique. Elle nécessite seulement une intervention à double équipe, neurochirurgicale et ORL. L'extension au niveau de la cavité orbitaire est également bien précisée. Dans 50 % des cas la cavité orbitaire est concernée soit par atteinte seulement de la paroi, soit par extension intra-orbitaire. Le traitement doit venir à bout de ces extensions tout en conservant la vision. Dans les deux tiers des cas, les lésions sont ethmoïdo-maxillaires quelque soit l'histologie.

Sur le plan ganglionnaire, il n'y a que très rarement des ganglions palpables à l'examen initial. Dans l'évolution, on n'observe que 15 % d'envahissement ganglionnaire clinique. Une extension métastatique est recherchée qui risque d'autant plus d'exister que la tumeur est de grande taille.

L'état général est habituellement bon car il n'y a pas d'intoxication alcoolo-tabagique. On précise les antécédents. Une observation précise est réalisée avec, au besoin, duplicata des documents radiologiques significatifs (la clinique est ici peu informative de sorte que l'imagerie a une grande importance).

18.6.2 Traitement

Le traitement est une chirurgie première chaque fois que possible. Cette chirurgie est une chirurgie « à la demande », elle s'étend plus ou mois loin selon les extensions. Elle est systématiquement suivie d'une radiothérapie de tout le volume initialement pathologique à doses élevées (70 Gy) comme si la tumeur n'avait pas été enlevée, sauf pour le cas rare de la petite tumeur avec exérèse large où une dose plus faible peut être réalisée. Cette attitude est liée au fait que la qualité de l'exérèse n'est pratiquement jamais tout à fait certaine. La radiothérapie traite les extensions intra-orbitaires en préservant autant que possible la fonction de l'oeil en en ne dépassant pas 55 Gy sur les voies optiques.

Si le malade n'est pas opérable, le traitement est réalisé par 70 Gy en radio-chimiothérapie. Il n'y a pas de traitement systématique des aires ganglionnaires en cas de N0.

La surveillance recherche une récidive locale, une rechute ganglionnaire ou métastatique. L'examen local est assez souvent facilité par la perte de substance post-chirurgicale qui donne un jour sur les parois de la zone d'exérèse. Le scanner et l'IRM permettent également de contrôler l'état du malade. De cette façon des récidives « au début » peuvent être rattrapées efficacement.

La survie globale à 5 ans est de 40 %.

 

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18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

18.6.1 - Diagnostic
18.6.2 - Traitement

18.6.1.1 - Diagnostic positif
18.6.1.2 - Diagnostic d'extension

 

 

 

Partie II - Localisations
Chapitre 18 - Cancers des voies aéro-digestives supérieures

 

18.7 - Points essentiels

 

Sections

18.1 - Généralités
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18.3 - Cancers de l'oropharynx
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18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

 

 

  1. Les cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx et de l'hypopharynx sont liés, sauf rares exceptions, à une intoxication alcoolotabagique. Les cancers de la cavité buccale peuvent survenir sur des dysplasies (leucoplasie et érythroplasies). Les cancers du larynx sont en rapport avec le tabagisme (+ ou - associé à l'alcoolisme) mais aussi au surmenage vocal.
  2. Les cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx, de l'hypopharynx et du larynx sont des épithéliomas épidermoïdes.
  3. Le bilan d'un cancer de la cavité buccale, de l'oropharynx, du larynx et de l'hypopharynx comprend un examen endoscopique de l'ensemble de la sphère ORL pour rechercher une 2ème localisation. Il en est de même dans la surveillance après traitement pour la même raison.
  4. Classification TNM des cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx :
    T1 : T 2cm
    T2 : 2 cm < T 4 cm
    T3 : T > 4 cm
    T4 : Envahissement de structures adjacentes (muscles extrinsèques de la langue : hyoglosse, styloglosse, génioglosse, palatoglosse ; mais également à l'os).
    Et pour N et M (classification valable pour les localisations tumorales ORL) :
    N0 : Pas d'adénopathie régionale
    N1 : Adénopathie métastatique unique unilatérale, 3cm
    N2a : Adénopathie métastatique unique unilatérale, > 3cm 6cm
    N2b : Adénopathies métastatiques homolatérales multiples, 6cm
    N2c : Adénopathies métastatiques bilatérales ou controlatérales 6cm
    N3 : Adénopathie métastatique > 6 cm
    M0 : Absence de métastase viscérale
    M1 : Présence de métastase(s) viscérale(s)
  5. Classification TNM des cancers de l'hypopharynx
    T1 T 2 cm ne concernant qu'un site sans trouble de la mobilité
    T2 2 cm < T 4 cm et/ou concernant 2 sites de l'hypopharynx ou adjacent sans trouble de la mobilité
    T3 T > 4 cm et/ou fixation de l'hémilarynx correspondant
    T4 Invasion des cartilages ou des tissus avoisinants hors larynx
  6. Classification TNM des cancers du larynx
    T1 Glotte : T limitée à la glotte sans trouble de la mobilité
    Sus-glotte : T limitée à un site sans trouble de la mobilité
    Sous-glotte : T limitée à la sous glotte sans trouble de la mobilité
    T2 Glotte : T limitée à la glotte avec diminution de la mobilité et/ou extension à la sus glotte et/ou à la sous glotte
    Sus-glotte : T étendue à plus d'un site ou à un site adjacent sans fixation de la corde
    Sous-glotte : T étendue à l'étage glottique
    T3 Glotte : T avec corde fixée et/ou extension à l'espace paraglottique et/ou érosion du cartilage thyroïde
    Sus-glotte : T avec corde fixée et/ou extension à l'espace paraglottique ou pré épiglottique et/ou érosion du cartilage thyroïde
    Sous-glotte : T avec corde fixée
    T4 Glotte, Sus-glotte, Sous-glotte : T avec extension à travers le cartilage thyroïde aux organes de voisinage
  7. Pour les cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx et de l'hypopharynx le traitement initial est la chirurgie si le terrain le permet et si l'extension permet a priori une exérèse carcinologiquement complète, et une intervention avec peu ou pas de séquelles fonctionnelles. La radiothérapie est réalisée secondairement là où était la tumeur soit par nécessité si l'exérèse a été incomplète à l'examen anatomopathologique, ou par principe pour réduire le risque de récidive locale si l'exérèse est « limite » ou si la tumeur était de grande taille. Les aires ganglionnaires sont également irradiées si elles sont envahies. La radiothérapie seule est utilisée si le terrain ou l'extension ne permettent pas la chirurgie. Si la chirurgie est possible mais mutilante on peut commencer par une chimiothérapie première et remplacer la chirurgie mutilante par la radiothérapie en cas de réponse macroscopiquement complète. Dans ces cas la radiothérapie est une radiochimiothérapie simultanée. Elle peut aussi être entreprise d'emblée, et la chirurgie secondairement en cas d'échec, mais il faut faire le diagnostic à temps avant qu'une extension plus ou moins à bas bruit rende l'exérèse impossible.
  8. Pour les T1 de la glotte qui guérissent dans 90 à 95 % des cas (avec un éventuel traitement de rattrapage qui peut être une laryngectomie totale) la radiothérapie permet de mieux préserver la voix que la chirurgie partielle.
    Pour les T1-T2 du larynx on peut entreprendre une chirurgie partielle si le siège et l'extension des lésions le permet. Ces cas peuvent être traités aussi par radiothérapie exclusive (radiochimiothérapie de préférence). Les T1-T2 mal placés ou trop étendues pour bénéficier d'une chirurgie partielle sont traités par radiothérapie exclusive (radiochimiothérapie de préférence). Pour les T3 on commence par une chimiothérapie : s'il y a disparition tumorale et remobilisation du larynx on réalise une radio-chimiothérapie, dans le cas contraire une laryngectomie totale. Pour les T4 on réalise une laryngectomie totale. En cas de laryngectomie totale et en cas d'envahissement ganglionnaire au curage on réalise une radiothérapie post-opératoire.
  9. L'arrêt de l'intoxication alcoolo-tabagique réduit le risque de récidive locale pour les cancers de la cavité buccale, de l'oropharynx et de l'hypopharynx.
  10. Les tumeurs des cavités aériennes de la face sont des épithéliomas épidermoïdes ou glandulaires (adénocarcinomes). Elles peuvent être secondaires à une exposition prolongée aux particules de bois (et être éventuellement reconnues comme maladies professionnelles). Les signes révélateurs sont soit une sinusite hémorragique, soit une diplopie ou une atteinte d'autres paires crâniennes, soit une voussure de la joue ou d'une gencive supérieure ou des douleurs dentaires supérieures. Le traitement est soit une exérèse à la demande si l'extension le permet sans curage systématique en l'absence d'adénopathie palpable, suivie d'une radiothérapie systématique à dose élevée, soit une radiochimiothérapie exclusive si l'exérèse est impossible pour raison locale ou générale.

 

18.1 - Généralités
18.2 - Cancers de la cavité buccale et de l'oropharynx
18.3 - Cancers de l'oropharynx
18.4 - Cancers du rhinopharynx (ou cavum)
18.5 - Cancers du larynx et de l'hypopharynx
18.6 - Cancers de la cavité aérienne de la face
18.7 - Points essentiels

 

Sommaire

I - Cancérologie générale

1 - Généralités cliniques

2 - Prévention, dépistage, cancers professionnels

3 - Biologie du cancer

4 - Anatomie pathologique

5 - Bases de la radiothérapie

6 - Principes de la chimiothérapie anti-tumorale

7 - Principe de la prise en charge psychologique du patient cancéreux

II - Localisations

8 - Cancer du testicule

9 - Cancers du col utérin

10 - Cancers de l'endomètre

11 - Cancer du sein

12 - Le cancer de l'ovaire

13 - Cancers bronchiques non à petites cellules

14 - Cancers bronchiques à petites cellules

15 - Cancer de l'oesophage

16 - Les cancers colorectaux

17 - Cancer de l'estomac

18 - Cancers des voies aéro-digestives supérieures


Publié dans MEDECINE

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